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Après deux albums essentiels publiés au début des 90s – Nowhere et Going Blank Again –, faisant de Ride un des piliers du shoegaze de la grande époque, le quatuor d’Oxford s’était, avec le mésestimé Carnival Of Light (1994), pris les pieds dans le tapis : il s’agissait pour Andy Bell et ses compagnons à la gueule d’ange, challengés par The Boo Radleys et soucieux de croquer leur part du lucratif gâteau britpop, d’élargir leur palette sonore et de prouver que par delà le mur de distorsion se cachaient de véritables chansons. Complexe du rockeur compositeur, que de crimes commis en ton nom... En 1996, l’insuccès de Tarantula a précipité la fin du groupe, dont certains membres s’illustrèrent par la suite dans divers projets ou collaborations (Andy Bell au sein de Oasis puis Beady Eye, le batteur Laurence Colbert avec Jesus & Mary Chain, Supergrass et Damo Suzuki), tandis que Mark Gardener, avec l’aide de Goldrush, se lança dans une carrière solo tout à fait honorable. Il faudra attendre 2015 et une série de concerts donnés lors de gros festivals pour voir le bassiste Steve Queralt sortir de sa retraite et Ride reprendre du service, qui plus est dans sa formation originelle, le luxe. Une (presque) décennie plus tard, après deux disques produits par Erol Alkan, les Oxfordiens livrent leur septième opus, un copieux Interplay qui, en douze titres, a pour ambition de lier entre elles les diverses facettes et ambitions du groupe : raviver le shoegaze qui fit leur gloire, affirmer une écriture pop classique, saisir l’air du temps – se régénérer, réécrire l’histoire, la tourner à son avantage, à la manière de Slowdive, qui s’inspira de ses héritiers pour mieux perdurer. Ce n’est pas David Bowie qui me contredira : en art, le vampirisme est un moyen comme un autre d’atteindre l’immortalité. Manque de bol, les musiciens de Ride ont planté leurs crocs dans le cou d’un U2 exsangue, en témoigne une ouverture bancale, avec un Peace Sign bâti sur un affreux motif répétitif de guitare électrique - cheap au possible, quasi-celte, l’horreur - qui colle la migraine, tandis que le bavard Last Frontier et sa section rythmique héroïque lorgnent carrément vers le stadium rock. Imaginez Bono chanter, vous verrez, c’est troublant. Alors certes, Interplay fait la part belle aux compositions amples, hypnotiques et planantes (les sept minutes de Essaouira font des merveilles), on y retrouve la patte caractéristique du quatuor, entrelacs de guitares arpégées et de mélodies réverbérées, mais c’est grâce à des sonorités plus synthétiques que Ride remporte la mise – Monaco et sa boîte à rythmes rappelle New Order, I Came to See the Wreck s’injecte de la mélancolie dark chère aux Raveonettes, le murmuré Yesterday is Just a Song lorgne du côté de Beach House : brelan d’as. Pas de quoi entrer dans la légende, pas encore, ou jamais, ou alors... bah oui, c’est déjà fait depuis longtemps (Nowhere et Going Blank Again, quand même !!!). Ainsi, nous ne tiendrons pas rigueur aux Ride de livrer un album certes ambitieux mais un chouia trop long, et dont la moitié des compositions sont au mieux anecdotiques. Le plaisir des retrouvailles compense largement le reste, non ?




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