Bon soyons franc, j’ai un amour pour les disques live aussi fort que celui que peut avoir l’huile avec l’eau, ne fusionnant jamais avec. Présenté souvent comme le témoignage d’un instant T, d’une époque, l’album live s’est vite transformé en une machine à cash pratique et pas chère, que n’importe quel fan qui aura payé 300 boules sa place dans une salle pour le spectacle interdit en période d’épidémie, aura envie de se procurer afin de pouvoir y insérer son ticket de l’époque et dire à ses amis ou ses proches « j’y étais ».

Et puis il y a des exceptions, comme ces albums unplugged, révélateurs de la qualité des chansons, car à poil, sans une artifice, une chanson pouvait vite se transformer en une brindille bien frêle. Si Somehow n’est certes pas dans la division des remplisseurs de grandes salles (pas par manque de talent, juste par manque d’une culture musicale qui ici est aussi pauvre qu’une pharmacie l’est en gel hydroalcoolique en ce moment) en nous présentant un live, prend lui aussi le risque de lever un lou. Mais, même si nous n’avions pas à l’être, nous voilà rassuré, le temps des 10 morceaux qui composent ce live, titres piochés dans les deux premiers albums du projet de Erwan Pépiot. Rassuré, mais aussi profondément épaté de l’assurance avec lequel il interprète ses titres, seul, avec cette voix (la démonstration sur "Someday" est assez eloquante.), compagne importante et amplificateur de chansons elles même déjà charpentées avec talent. Nous connaissions ses titres finement enregistrés et arrangés, seul dans son studio, Somehow nous en livre des versions habitées sans excès, parvenant sans accroc à faire ce qu’il fait de mieux, se balader sur une ligne mélodique implacable, en changeant de rythme sans jamais nous perdre, sans nous attendre pour autant, car nous suivons avec appétit.

Nouvelle opportunité de rencontrer Somehow, ce live en est la face plus brut d’un artiste qui en prenant le temps de capturer un instant, capture plus que notre attention.