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Si Anohito le second album de Spirit Fest parut en 2018 s’apparentait à un prolongement naturel de l’album éponyme du groupe sorti quelques mois auparavant , avec le recul, il en constituait presque une face B.

C’est peut-être sur la base de ce même constat, doublé d’une période de composition plus longue pour aboutir à ce nouvel album Mirage Mirage qui nous arrive dans les jours à venir, que celui-ci est en devenu double.

Si les membres qui composent Spirit Fest sur la ligne de départ à savoir Markus Acher, grand ordonnateur notwistien, Cico Beck de Aloa Input, Mat Fowler de Jam Money et le duo japonais Saya et Takashi Ueno de Tenniscoats restent inchangés, le groupe sur la durée de ce double album ne tombent à aucun moment dans la redite et encore moins la monotonie.

Yesteryears reprend tout en délicatesse le fil de la conversation entre les deux points d’ancrage géographiques de composition tissant de nouveau le lien intime qui unit le groupe sur fond de radios lointaines, comme premier insert des hybridations sonores qui constituent une des grandes forces du groupe nous embarquant au passage dans l’instant.

Car si le charme du dialogue transcontinental repose pour beaucoup sur les voix sublimes de Marcus et Ueno qui se répondent de titres en titres ou s’unissent comme sur la très belle balade pop, ludique et enjouée Zenbu Honto (Every Thing Is Everything) ou encore Mirage, il repose tout autant sur l’envie de mélanger les univers sonores des deux pôles offrant ainsi un spectre d’une ampleur réjouissante.

Fish With Arms constitue comme Time To Pray et Starry Floor des sas en forme de micros explorations sonores entre nouvelles expressions d’instruments classiques ou ludiques et les boucles électroniques chères au label berlinois.

Ainsi, Circle Love voit la présence de cuivre donner une dimension complémentaire au champs des possibles du groupe qui s’évadera ensuite vers les grands espaces cinématographiques du western (entre Morricone et et O-Ren Ishii) avec Mohikone nous faisant basculer vers une mélancolie que les sept minutes de The Snow Falls On Everyone ( premier KO émotionnel complément addictif du disque), puis Honest Bee et Swim Swan Song et ses longues boucles électroniques envoutantes, viendront ensuite sublimer.

Motif que Amadoi, longue plage contemplative, apaisante et cinématographique répétera ensuite en nous amenant vers la fragile Hi Ma Wa Ri dont le dernier tiers bouleverse totalement avant que Saigo Song ne referme le disque sur une fanfare légèrement confuse mais totalement réjouissante.

Ainsi Mirage Mirage, pour faire écho à la définition du mirage en tant que phénomène optique (*), pourrait bien nous apparaître comme un phénomène addictif dû à la déviation des faisceaux émotionnels par des superpositions de couches sonores et sensorielles différentes. Une propagation anormale de l’émotion dans une atmosphère où les paramètres ne varient pas selon la normale. A ce titre, Mirage Mirage raisonne dans les rues désertes et, à défaut d’être une solution devant l’ébranlement de nos repères intimes et collectifs, il sera assurément une aide, un réconfort, bien là, à portée de platine et d’oreilles en ces temps troublés. Vous le voyez ? Vous l’entendez ? Mais si….regardez….écoutez….

A Découvrir (confinés mais) Absolument

https://music.youtube.com/watch?v=o...

(*) : Le mirage (du latin miror, mirari : s’étonner, voir avec étonnement) est un phénomène optique dû à la déviation des faisceaux lumineux par des superpositions de couches d’air de températures différentes. En fait, il s’agit d’une propagation anormale de la lumière dans une atmosphère où la température, la pression et l’humidité ne varient pas verticalement selon la normale. La déviation de ces rayons donne alors l’impression que l’objet que l’on regarde est à un endroit autre que son emplacement réel, et peut déformer l’image observée.




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