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C’est en choisissant de chroniquer l’album live de Belle and Sebastian et ses 23 titres que je réalise n’avoir aucune connaissance sur ce groupe pourtant écouté en boucle très souvent, depuis ce jour du siècle dernier, où mon viel ami et ancien acolyte musical, Marc, m’a fait découvrir cette musique qui enchante encore mes esgourdes aujourd’hui.

Pour résumer, je sais qu’ils sont…écossais (le scoop) et qu’ils adorent travailler les voix en chœurs à l’unisson, à l’octave ou à la quinte, mais également qu’ils sont friands d’instruments classiques, à vent (La flûte à bec a donc une utilité en dehors des classes de musique de collège) et à cordes (piano compris), posés sur une ligne de basse sautillante et efficace et assortis d’orgues électriques seventies. Le résultat nous offre des morceaux aux mélodies riches et efficaces, en un mot : « catchy ».

Allons donc en apprendre un peu plus en tapant leur nom sur notre ami google afin de parfaire nos connaissances sur ce groupe : Ha oui, quand même, toujours classé dans les charts, nommé au Mercury Music Prize en 2004 pour le meilleur album britannique avec Dear Catastrophe Waitress, adoré par NME et Melody Maker, ou Rolling Stone (magazine). Comme quoi on peut réussir à faire de la musique pop folk sophistiquée un peu snob et assez atypique dans le paysage musical, et trouver, malgré cela, grâce aux oreilles d’un large public. Je pensais, à tort, que ce coté sophistiqué et maniéré, enrobé de violon allait en agacer plus d’un. Finalement, qui n’a pas besoin d’un peu de douceur dans ce monde de brutes ?!?

Joli parcours pour ces artistes qui arrivent à durer depuis 1996 avec plus de 200 morceaux à leur actif, en proposant une musique raffinée et des paroles bien écrites. Les textes nous parlent des sentiments et des relations humaines avec clairvoyance et mélancolie : des morceaux comme « I don’t see it coming » ou « I can see your future » nous parlent de la vie, de nos vies, et des difficultés parfois à avancer ou à côtoyer les autres dans nos relations sentimentales et/ou sexuels.

Le chemin serait donc parfois sinueux ? A travers la voix si singulière de Stuart Murdoch, de Steve Jackson et de la violoniste et chanteuse Sarah Martin avec sa tessiture vocale aigue et cristalline, le groupe arrive à créer une belle connivence avec son public en chantant ces contradictions et cette douce mélancolie qui accompagnent quelquefois nos journées.

Le live de Belle and Sebastian s’ouvre sur « The song of the Clide » qui s’inspire d’un morceau de 1963 du chanteur écossais Kenneth McKellar .

Belle entrée en matière qui débute ce concert toute en douceur pour se transformer en explosion de joie après un annonciateur roulement de baguettes sur la caisse claire ! Wouhou ! c’est parti !

« On » les dit maladroits et imparfaits en tant que performers, mais si cette fragilité plaisait finalement au public ? A l’écoute de ce live, la performance musicale et les chants auraient plutôt tendance à m’impressionner. Je les trouve particulièrement à la hauteur de l’exercice.

L’écoute de cet opus nous projette en douceur dans une ambiance musicale légèrement désuète, pouvant donner, un temps, l’impression de vivre en 1963. Impossible en effet de ne pas se dandiner en rythme comme soudainement affublée d’une jupe plissée et d’un chemiser à col bien repassé pour les filles et d’un pantalon beige un brin trop court et d’un polo bleu ciel aux boutons fermés pour les garçons. Leurs albums auraient pu, en voyageant dans le temps, rejoindre une pile de 33 tours écornés, usés à force d’écoutes, composée d’albums des Beach Boys, des Shadows, des Kinks, de the Left Bank, de Nick drake, des Beatles, de Dylan ou encore des Turtles.

Mais les albums de Belle and Sebastian ne peuvent se limiter à cette connotation passéiste, ils seraient plutôt à classer dans la catégorie « hors du temps ». Ils résultent en effet de la culture musicale et cinématographique variée des personnalités qui composent la bande. En interview, ils citent aussi bien le poète Leroi Jones, le réalisateur Tati, que les musiciens Philip Glass, T rex, le groupe de disco The Tremmps que Les Rolling Stones.

Je me rappelle, à l’écoute de ce live, de cette année 2004, et de mon niveau de dépit de n’avoir pu me libérer d’« obligations professionnelles et personnelles » pour me rendre avec les copains à Benicassim afin de les découvrir sur scène. Et je croise les doigts pour remédier un jour à cette petite tragédie personnelle en allant les voir sur scène, et pourquoi pas carrément à Glasgow ?