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Allons y tout de go, pas à la façon d’un syndicaliste défendant son outil de travail détérioré par une financiarisation épouvantable, l’humain asservi par la monnaie. Pas non plus via un « Strike » qui consisterait chez moi à arrêter de parler musique, faisant tout disparaître à l’instar des Thugs. Car à l’instar des Angevins, les Bordelais de Rougegorgerouge sont aussi prophètes en leurs contrées que le pauvre Jim Harrisson pouvait l’être dans ce pays où il préférera tenter d’élever des cochons, plutôt que donner sa poésie à un peuple qui semblait ne pas le mériter cette confiture céleste.

Mais comment Rougegorgerouge en 2021 peut, il encore sortir un album en autoproduction. Certes, la France n’est pas le pays de la musique. Oui, celui-ci est plus enclin à la chanson française, au rock en français, à la french touch (et encore) ou au rap de supermarché pour révolutionnaires en Lacoste, Nike et breloques orpaillées.

Déjà, louons l’abnégation du quatuor, qui plus est alors que tout semble être figé depuis deux ans. Ensuite, émerveillons-nous, et le mot est faible, que si une forme d’aigreur pouvait se comprendre, RGR semble alimenter sa machine créatrice avec ce relatif oubli, et là, je ne parle pas de l’industrie, mais des labels qui comptent.

RGR s’inscrit dans une lignée qui pourrait aller de Sonic Youth à Weezer, tenir les rênes d’une pop rock à l’opiniâtreté qui confine quasiment au sacerdoce, faisant voler en éclats l’obscurantisme bêta des tenanciers du c’était mieux avant. Aventureux jusqu’à ce morceau pas si caché, renouant avec une tradition (qui n’a pas écouter le morceau caché d’« Experimental Jet Set Trash et no Star » n’a rien entendu), Alexandre, Adrien, David Julien, forcent le respect et caressent les certitudes que nous avons eu pour eux depuis maintenant presque dix ans et « Froast ». Jouant avec les rythmes avec le plaisir de l’ébéniste finissant un beau meuble, tutoyant l’olympe sur « Kill My Friends » qui finirait dans n’importe compilation best of annuel de Sub Pop, mettant un direct au foie au dernier Mohican de la sainte église indé ((my) évolution) qui ne pourrait croire à autre chose qu’à des titres apocryphes. Mais non, « Quatre » est une œuvre contemporaine, d’un groupe à guitare et pas que, qui signe un nouvel album à écouter fort, et pas que, et pour longtemps encore, comme une évidence. RGR ou l’indépendance extrême.




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