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Avec un nom pareil on pourrait réfléchir à deux fois avant de lancer le nouvel album de Baston… Mais en bon maso mélomane la curiosité est trop grande. La sécurité de nos tympans attendra. Et puis, après avoir saigné Primates, le premier très bon album du groupe déjà sorti il y a trois ans sur l’excellent label à la banane hurlante pas question de passer à côté de ce nouvel opus, quitte à prendre une bonne baffe au passage.

Et tout compte fait, avec La Martyre nous sommes bien loin d’un MMA auditif qui aurait pour seul but de bêtement nous faire saigner des tympans. A l’écoute des 8 titres de l’album, on se rend vite compte que les règles de combat que s’imposent le groupe sont complexes et immuables pour un résultat fascinant qui se rapprocherait bien plus de l’art ancestral de la savate à la sauce post-punk que d’un vulgaire match de free fight indie rock sans foi ni loi.

Règle n°1 : Tout d’abord, il s’agira de tapisser tous les morceaux de synthés kitchs. Et plus les sonorités seront délicieusement 80’s et feront écho à des instrus de sombres tubes de variétés de ces années-là mieux ça sera. Flash, en ouverture en est le parfait exemple. Les guitares tranchantes et la batterie métronomique n’ont après plus qu’à porter les mélodies désenchantées jusqu’au nirvana de la cold wave… Mention spéciale pour la ligne vicieuse inlassablement répétée de l’intro de l’instrumental Capri jusqu’aux étranges volutes synthétiques qui vont clore le morceau dans une parfaite queue de poisson mélodique.

Règle n°2 : Les voix seront graves et pleines de reverb ou ne seront pas… Scandées inlassablement, à la limite de l’incantation comme sur Pacific, Saphir ou bien Zodiac, les parties vocales sont là pour participer à la transe métronomique de l’ensemble bien plus que pour poser une mélodie chatoyante et superflue. Attention, le fantôme de Ian Curtis rode dans les parages !

Règle n°3 : Les solos de guitares sont bien évidemment formellement proscrits ! Et pourtant celle-ci est en permanence présente pour installer des textures étranges et protéiformes qui donnent énormément d’ampleur en arrière-plan de chaque titre. Très sèche et cinglante dans Flash, à l’inverse bien plus vaporeuse pour arrondir les angles du moelleux Chamade ou bien carrément dissonante dans Saphir, la six cordes est ici indissociable des 49 touches de leur vieux clavier de chez Toys’R’Us.

Règle n°4 : Et pour terminer il s’agira de citer exclusivement des noms de boites de nuit mythiques du Finistère Nord comme titres de morceaux ! Impossible du coup de ne pas évoquer le très étrange OVNI sonore Neptune, parallèle astucieux de l’improbable morceaux Viande sur leur premier album qui samplait avec brio l’émission « Faites entrer l’accusé » et Christophe Hondelatte. Le groupe breton aspire ici un vieux reportage sur la jeunesse du coin des années 80 qui trompe son ennui et ses manques de perspectives en sortant en discothèque… Les verbatims sont enfin mélangés à un morceau hypnotique et acide dont ils ont le secret. Nous voilà propulsé dans une ambiance décapante à la Strip Tease aussi noir que fascinante ! Et après les épisodes d’enfermement que nous avons tous vécu ces derniers temps cette étrangeté prend tout son sens pour devenir un hymne absurde à l’hédonisme sans lendemain.

Du coup c’est finalement une bien belle claque que nous nous sommes pris et nous nous empresserons de tendre l’autre joue en attendant la suite de la bagarre !




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