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Que dire d’un disque qui démarre aussi fort, dans un mood indie shoegaze en directe filiation avec les vénérables 90s, qui continuent de diffuser au travers des âges son inénarrable parfum de coolitude bruyante ? « L’écume printanière » est une masterclass noise mélodique nimbée d’harmonies vocales back to Stereolab qui s’écoute en boucle : un an et demi après leur EP « J’ai raté ma vie », les bordelais de Teeth au line-up remanié – ils sont désormais cinq – publient un premier album invoquant les démons souriants d’une époque révolue, de The Smashing Pumpkins à Yo La Tengo, où bruit et harmonie cohabitaient dans un monde sans limiteur de décibels.

Alternant ou superposant lyrics en anglais et en français – surprenant mais très réussi, c’est l’avantage de n’avoir aucun complexe –, les six titres de « Trauma » font la part belle aux guitares, mais pas que : tout y est musical, au sens strict du terme, c’est à dire joué à la main et, au 21ème siècle, ça fait du bien aux oreilles, quand les nerds drogués au MIDI ayant - sans le vouloir, c’est juste que la facilité gagne toujours - pris le pouvoir nous font oublier cette joie sauvage qu’il y a de se faire brûler doigts et voix.

Pourtant, pas de nostalgie chez Teeth, au contraire, on sent une putain de fraîcheur, un rapport généreux à l’instrument, une envie de composer qui les poussent à éclater le format pop, c’est la menthe électrique qui s’infiltre dans nos corps (le monumental « Thé à la menthe », Kim Gordon invoquant les dieux du garage kraut metal) ou une émouvante ballade au long crescendo que l’on ne voudrait ne voir jamais s’achever (« La vague ») et qui nous rappelle – à l’instar de ce que nous propose les brillants Fleur Du Mal – que le rock n’est pas l’apanage des anglophones et qu’il appartient à tous, il suffit juste d’écraser le limiteur mental dans nos têtes, ce que Teeth, avec « Trauma », réussit à merveille. Libertad !




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