À l’instar de la bande à Bono qui va nous proposer une relecture acoustique (et fade) de ses standards, Maita, nous propose une version acoustique de son dernier opus. Si chez les Irlandais la tentative répond à un écho, leurs chansons étant associées autant à l’achat d’une motte de beurre dans un supermarché qu’une fête adolescente, « Loneliness » est à lui seul un disque nouveau, n’ayant pas entendu les version habillées. Car ici les dix morceaux sont à nue, juste la guitare et la voix de Maita. La force de cet exercice de style, c’est qu’il ne triche pas. Je me souviens d’une session acoustique (white session) chez Bernard Lenoir d’un groupe dont je vais taire le nom, qui une fois les chansons à poil, avait autant d’intérêt que le sifflement du facteur quand il fait sa tournée. Alors, si ma factrice ne siffle plus depuis longtemps, elle a parfaitement eu raison de glisser ce disque dans ma boite aux lettres. Les dix morceaux, entre mélancolie abyssale et tristesse évidente, nous plongent dans ce que nous préférons, nous les dignitaires écorchés d’une musique pour chialer, et pas que dans sa bière. Impossible de ne pas penser à Aldous Harding (Pastel Concrete) dans cette façon de chanter, oscillant entre le crystal lumineux et la rugosité opaque de la gravité. Obligé de voir des liens avec Marissa Nadler (Volume 4 de nos compilations) ou Emily Jane White. Avec ces relectures, elle s’inscrit dans une tradition musicale, dans laquelle un titre comme « You Sure Can Kill A Sunday, Part I & II » à tout d’un incunable, une structure et une interprétation digne d’un standard.
Ma curiosité devant en souffrir, je vais rester sur ce disque, ne poussant pas jusqu’à écouter « I Just Want To Be Wild For You » (signé sous le nom de Maria Maita-Keppeler), ne voulant pas trahir ce moment de grâce intense qu’est l’écoute de « Loneliness ». Angel of Portland.