Il faut avoir une sacrée confiance en soi (ou d’inconscience) pour appeler son album du même nom que celui de John Coltrane (Qui imagine un jour Marc Levy écrire un roman avec comme titre l’attrape-cœurs ?) . Ma comparaison foireuse (Inutili n’est pas un groupe mainstream vivant d’une plume romantique et aseptisée.) s’arrête là, car l’amour qu’a Inutili, il est pour la musique. C’est pendant le confinement général que cet amour (comme tous les véritables amours) a sorti le groupe de la stupéfaction, n’ayant plus qu’elle pour oublier le poids de la chape de plomb qui recouvrait le monde.

Alors, Alessandro Antinori (basse, guitare), Pietro Calvarese (guitare, chant), Giancarlo Di Marco (guitare, basse) et Lorenzo Mazzaufo (batterie, percussions, chant) ainsi que l’invité spécial Francesco Gaspari (synthétiseur, programmation) décidèrent de rentrer dans un monde spécial, celui d’un studio, rentrant dans une forme de transe musicale, chacun emmenant sa partition en essayant de la fondre avec celle du voisin. Il en ressort cinq plages, comme le résultat d’une énorme jam où l’Hydroxye-chloroquine était probablement remplacé par des substances plus herbacées. Walking On Your Lips, qui scinde le EP en deux, semble être l’unique pièce avec une forme de structure préparée, tant sa direction est limpide dès le départ, ce qui ne sera pas le cas, notamment sur DADADA qui là aurait plus à voir avec le Dylan de Tarantula qu’avec le banquier de la littérature de gare française. L’ensemble est donc un amour ultime des musiciens avec la musique, mais aussi une communion en son honneur, avec à la fois respect (A love Suprême, morceau à l’intranquillité et la fragilité prenante.) et distance rieuse (Queen Crimson), donnant à ce disque un reflet rare, celui de se laisser porter par l’amour.