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C’est avec, comme souvent, un métro de retard, et là, la RATP et le Conseil régional d’Île-de-France n’y sont pour rien, que j’arrive avec mes gros sabots pour vous parler de la petite claque infligée par un jeune homme (Nathan Leproust) qui se fait connaître sous le nom de Teenage Bed. Car si j’en juge par la proposition musicale conséquente sur sa page bandcamp, le jeune homme originaire de Lorient, a fait ses classes outre-atlantique (principalement à Philadelphie), nourrissant sa vocation de musicien à part entière via les racines d’une lo-fi que nous pensions ne plus vouloir entendre parler, après l’ultime somme d’un Sentridoh, mettant le dernier clou sur le cercueil d’un style qui a eu la chance de naitre avant l’arriver du grand réseau mondial. Car le charme de cette musique, c’est qu’elle n’était pas là pour inonder le monde en un clic sur une plateforme de partage, mais juste pour le plasir de se sentir moins mort, pour séduire les copines du campus, les programmateurs des caves qui s’appelaient pompeusement des salles de concert, et sur un malentendu d’un label bien-entendant, la distribution dans un milieu underground qui s’affichait sur les blousons comme la légion d’honneur des gens de bon goût.

Composé de deux chutes de son album Grand Val, et de deux versions acoustiques, ce EP, Variations, a la particularité d’être exclusivement en français, comme un passeport pour un retour définitif chez les compatriotes de Bertrand Belin (avec qui il partage une tessiture à part). On y découvre un fin mélodiste, doublé d’un songwriter qui s’alignerait avec aplomb avant de rentrer dans la cours des grands. Impossible de ne pas penser à la mouvance qui s’ignore entre Mim et son L’Amour au Mille Parfum (A1000P) qui sera une des pierres angulaires que les archéologues de la musique exhumeront avec stupéfaction, mais surtout au Beck du One foot in the Grave ou au Lou Barlow hirsute en vacances de Dinausor Junior au Sebadoh. Le son est ici une part intégrante de la construction de la chanson (La Côte), au même titre que la mélodie et les mots, donnant à ce style qui a fait les belles heures du rachitique, des allures d’un film en cinémascope bricolé par des collégiens malins et créatifs.

Nathan a beau dire que la raison est morte, que la chambre est vide, la sienne respire encore les effluves d’une adolescence pour qui les rêves peuvent encore être réalité, même si le doute planera toujours. À la fois désabusé et plein d’entrain (celui-ci ne se manifeste pas dans le chant endormi.) Teenage Bed nous propose de nous étirer sur la moquette d’un sol jonché des preuves d’une vie réelle, pour juste aller bien. Rattrapons notre retard.




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