> Critiques > Labellisés



Depuis des décennies, musique électronique et danse contemporaine font bon ménage, en témoigne l’illustre Messe Pour Le Temps Présent, composée par Pierre Henry et Michel Colombier en vue d’une représentation donnée à Avignon en 1967 par la troupe de Maurice Béjart, le Ballet du XXe Siècle. Si, à l’époque, on parlait d’électroacoustique – instruments trafiqués, prises de son analogiques et boucles de bandes sonores – la technologie a tant et si bien évolué que tout s’est simplifié, au point qu’aujourd’hui un individu seul se fait orchestre, même si pour son neuvième album, le toulousain Paul Regimbeau alias Mondkopf, par ailleurs moitié de Grive (l’autre moitié étant l’excellente Agnès Gayraud, aka La Féline), conserve une approche organique de la composition, étirée dans le temps, jouant avec l’espace et les émotions, ce qui lui valut d’accompagner, lors d’un concert donné dans le bois de Vincennes, un groupe de danseurs soufis dirigé par la chorégraphe franco-iranienne Rana Gorgani. Ainsi, La Danse Des Ombres, trente minutes durant, joue des timbres, des harmonies et des bourdons pour escorter les performers dans leur transe. Une écoute pure et simple, décorrélée du spectacle par ailleurs filmé par Vincent Moon, s’avère déconcertante si l’on peine à se concentrer sur une œuvre particulièrement minimaliste et arythmique. Tout est dans la nappe, l’ondée, le flux : il y a peu à entendre, beaucoup à imaginer. Les trois compositions suivantes – Volcano : What Does A Lake Dream ? – figurent sur un documentaire réalisé aux Açores par Diana Vidrascu : évoquant tout autant la faune que la flore, les volcans éteints ou le minimalisme de la vie humaine au cœur de l’océan, la trilogie nébuleuse architecturée par Mondkopf s’articule autour d’ondées synthétiques parfois distordues, accompagnées de chants d’oiseaux et de grondements futuristes, tels qu’élaborées en leurs temps par Eric Serra (qu’on le veuille ou non, la bande son de Le Grand Bleu est exceptionnelle) et Vangelis (roi des rois, Blade Runner, Chariots of Fire !!!). Alors certes, sans appoint visuel, Waves (Selected Works) est particulièrement soporifique (sauf à considérer qu’il s’agit d’ambient, auquel cas l’on sait à quoi s’attendre, quitte à par la suite écumer le catalogue d’un label tel qu’Ambientologist – par ailleurs assez chouette si l’on aime le yoga et l’encens), à tel point que l’on s’interroge sur la pertinence de sa publication (Waves Selected Works, sorti en juin dernier, n’a été chroniqué nulle-part), mais Mondkopf est ainsi, si prolifique qu’au moment où vous vous attelez à l’écoute de sa dernière production, il s’est lancé dans une myriade de projets, collaboratifs (Oiseaux Tempête, Foudre !, Good Luck in Death, etc.) ou en solo, toujours un temps d’avance sur nous, qui aurions adoré assister à sa prestation dans le bois de Vincennes, un soir d’été. Mec, si tu me lis, envoie les invitations !




 autres albums


 interviews


aucune interview pour cet artiste.

 spéciales


aucune spéciale pour cet artiste.