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Un peu d’histoire de culture au préalable. Ce nouvel album d’Angil est un album lipogramme, c’est-à-dire qu’il n’utilise pas une lettre en l’occurrence à l’image de la disparition de Perec le e (beaucoup de e dans cette phrase !). Ce procédé lexicographique connu par Perec était la base de travail de l’oulipo (groupe de fondu de littérature) saliva (acronyme que je cherche encore). A peine la page John venture légèrement poussée, Angil recolle les morceaux de son inspiration et de ses aspirations, pour un disque collant plus avec ce qui le fait avancer, sur scene "teaser for the matter" commençait à être trop exigu pour lui. Mais comment ne pas étouffer un peu plus quand on s’impose une règle lexicale aussi dure. Angil a trouvé la réponse, en explosant les murs de la musique, en donnant au mot fusion une signification moins triviale. Articulé comme pouvait le faire les Tindersticks autour deux morceaux en épisode (un procédé de plus ?) "oulipo saliva" enfonce le clou à peine enfoncé sur sons of beneficts et légèrement mal traité sur matter. Angil est loin du folkeux fan de Swell que nous pouvions avoir, car à peine nous le mettions là qu’il se trouvait déjà autre part à donner au jazz par exemple le droit d’exister loin de la fumé et des costumes. Regorgeant d’instants fracturés, oulipo saliva émancipe Mickael, lui faisant sauter une à deux générations tout en gardant une fraîcheur d’esprit. A l’image de Bjork ou de Camille Angil joue avec les voix comme un instrument à part entière. De "in purdah" (morceau qui finira dans le top five de mon ipod) à "took no drugs had no drink" titre inquiétant étouffant, ébouriffant….terrifiant, en passant par "trying to fit" semblant sortir tout droit de "ruby vroom", ce nouvel opus désoriente. Il faudra attendre kids pour retrouver une structure plus " classique " mais toujours aventureuse. Jazzy et tranquille, "lift trip to mars", "sylvia plath libby and small ghost", ou "final list" se posent comme la partie apaisée de oulipo, faisant du disque un ying et un yang. Comme dirait Experience, ce disque est pour ceux qui aiment le jazz, mais plus encore ce disque est pour les empêcheurs de tourner en rond, les gourmands, les adeptes de la chaise longue à l’envers, outre pour son inconfort mais aussi pour le plaisir de faire. Sans pause intellectuelle "oulipo saliva" est à l’image de son auteur au-dessus des modes et des vents directeurs. Mickael Mottet vient de réussir à marquer de son empreinte la musique d’ici, et comme un écho de citer Perec dans la disparition " ..sans jamais aboutir à l’insultant point cardinal l’horizon, l’infini où tout paraissait s’unir, où paraissait s’offrir la solution ". Mémorable….avec deux E.

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