Non satisfait d’être au commande d’Ulan Bator, d’un Label, et de s’occuper de certaines productions de ce même Acid Cobra Records, Amaury Cambuzat s’offre une escapade en solitaire au nom évocateur, « The Sorcerer ».
Peut être rempli d’une liberté nouvelle, ne se cachant pas derrière aucun paravent, pas même celui d’un groupe, Amaury explore avec cet album tout ce qu’il peut, probablement tout ce qu’il veut. Il est ici comme un touche à tout qui ne pourrait rien s’interdire, par la simple gourmandise de jouer de la musique. De l’introductif « South-Seas », véritable ode à des voyages dans des mers chaudes à « Tabù » divagation quasi floydienne, Amaury aura donné à ses aspirations des colorations différentes. Des styles divers , des hommages à peine voilés (Voodoo Dool), des virgules cinématographique (La Nuit), « The Sorcerer » n’a pas de frontière entre la découverte et la création, les deux semblant être mêlés. Si l’on doit chercher des points de ralliement, ils seront au nombre de deux. Une liberté quasi enfantine dans le maniement de la six cordes, comme si il redécouvrait son instrument, lui demandant des choses tout à la fois primaire, et quasi incongru pour des guitaristes du centre mou. L’autre liaison serait cette rythmique qu’Amaury aurait ramené d’un voyage dans des peuplades d’Afrique, ou dans une communauté aborigène. Il y a dans ces morceaux, pour la grande majorité courts, presque une recherche de spiritualité. Il semble appelé des esprits, non pas par des mots, mais par des mantras (répétition) ou distension des notes. Album avant tout expérimental, ce « The Sorcerer » est une expérience en quasi immersion dans La Musique, dans Le Son, sans se soucier d’une quelconque grammaire, d’un quelconque code.
Le plaisir est ici le maitre mot, jouer pour ne rien oublier de ce qu’est le son. Amaury semble ici obsédé par la notion de silence, diluant les notes, jouant du souffle des cordes, jouant du vent, jouant des éléments, comme un sorcier. Et même si des étrangetés comme le dépouillé « Romanticism » déroge à la construction quasi primaire de l’ensemble, si « Money » fait faire un bon en avant, sur le thème d’un monde qui lui fait un bon en arrière, « The Sorcerer » est bien un album où les âmes ou les consciences flottent pour se détacher du réel.