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En réécoutant l’été dernier toutes les compilations ADA, je me disais pour certains groupes, qu’il était quand même dommage de ne plus avoir de nouvelles d’eux. Call Me Loretta en était, et j’étais même quasi persuadé que le groupe avait splitté, épuisé de ne pas être entendu. Puis un mail, « Gerald, on a un nouveau disque, cela te dit ? ». Ni une ni deux (ni trois ni quatre comme dirait Desproges) un mail pour demander le dit nouvel album, et déjà l’idée presque évidente de demander au groupe de participer à une future compilation.

Mine de rien le groupe fête ses dix ans, et mine de rien il n’a de cesse de creuser un sillon avec l’abnégation plus que respectable de l’agriculteur qui embellie sa terre pour qu’elle lui donne de beaux enfants. Il a cette rage des mauvaises saisons, cette fierté de donner des fruits la rage entre les dents, les larmes retenues comme la promesse d’une irrigation quand le soleil aura tout tué. Le soleil n’est pas l’ami de Call Me Loretta, le noir et le blanc n’étant avec des nuances que les deux seules couleurs que le groupe connaît. Quand j’aurais ajouté que « Moutains And Rivers Between Us » serait guidé par l’éloignement, par la séparation, ce qui, vous allez me dire n’arrange rien, vous comprendrez que Call Me Loretta ne revient pas avec un disque lumineux et joyeux.

Alors attention, ce disque ne vous sortira pas de la morosité ambiante, qui fait dire des conneries à des réalisateurs danois pour jouer avec le noir. Il vous emmènera dans des ambiances bien connues des amateurs de Sonic Youth, avec comme guide la voix de Stéphanie qui ne pourra pas vous laisser indifférente. Alliant la clarté et le chant effrayé, elle donne aux compositions la possibilité de disperser une tension devant être relâchée pour ne pas faire exploser le tout. A l’image de ce travailleur de la terre, le groupe va savoir s’accommoder de ses propres dénivelés, baladant ses arpèges aux grés d’un terrain qu’il minera lui même.

S’émancipant de l’ombre tutélaire de Sonic Youth, Call Me Loretta nous revient le couteau entre les dents, pour en découdre avec l’existence, prolongeant l’histoire, car de son terrain il doit en sortir quelque chose, même si le trou doit se faire avec les dents. Un disque instransigeant.




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