C’est un aller retour passé/présent permanent que ce groupe de Bristol nous propose avec « Songs from an Attic » ; un grand écart entre une ambiance début de XX ième siècle, au fin fond du Far West américain et une pop folk anglo-saxonne tout ce qu’il y a de plus moderne. Certaines de ces 18 chansons sentent bon la botte de foin poussée par le vent dans un paysage aride et auraient pu être la BO de feu la série Carnival de HBO quand certaines autres nous évoquent la musique enjouée des Belle and Sebastian. Un banjo, un farfisa, des voix multiples et des ambiances de nature sauvage…on est dedans direct. Et Misophone réussit même dans cet album généreux à ne pas lasser malgré sa longueur ; tout y est varié, charmant, comme ces petits intermèdes musicaux qui viennent reposer nos oreilles fatiguées par les agressions sonores du XXI ième siècle. A la manière des canadiens de Dead Man’s Bones qui nous donnaient par leur musique une impression de plénitude dans un sombre mais joyeux bordel, on écoute avec ravissement Misophone. Difficile de trouver une chanson qui se détache tellement le tout est dense, cohérent et plein. Cohérent ne veut pas dire identique et une chanson comme « What the Water Gave to Me », qui évoque une espèce de chorale déglingo de plusieurs Tom Waits accompagnés par Pascal Comelade, s’enchaine le plus naturellement du monde avec la chanson « The closest I’ve Ever Got to Love » qui propose elle une autre ambiance, à la Sebastien Tellier première époque (vous savez, avant sa période sexuelle gourou bleuté). Du plaisir jusqu’au bout, la quinzième chanson, « The Untold Joke », étant particulièrement magnifique de dénuement (guitare-voix-orgue).