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— Peux tu nous présenter Orlando EF ?

Je me sens aujourd’hui un artisan de la musique dans le sens où j’écris et j’enregistre de la musique dans mon petit studio pour ensuite l’améliorer dans un studio de musique professionnel géré par des amis. J’ai travaillé pendant plusieurs années avec SONY UK à Londres. A cette époque nous écrivions et enregistrions la musique avec beaucoup de personnes, alors que maintenant je me me produis moi-même avec la précieuse aide de quelques amis ou collègues. Je suis plus heureux ainsi.

— Peux tu nous expliquer le projet qui a donné naissance à ce disque ?

Le projet est né sur Facebook. Tout a commencé avec un message publié un jour sur mon mur : “Fais moi un signe, au premier signe et j’écrirai une chanson pour toi”. Vincenzo (un ami de Facebook justement) m’a répondu en premier et m’a suggéré qu’il aimerait une chanson avec un rythme intense, des sons de violons et qui parlerait des incompréhensions quotidiennes qui se créent avec les personnes les plus proches. Je me suis mis au travail et au bout d’un moment la première chanson était née. L’idée m’a plu et j’ai donc continué jusqu’à arriver à 11 chansons.

— Tu étais en panne d’inspiration ?

Pour tout vous dire, ce dimanche-là j’étais dans un état de paresse intense et pour essayer de m’en débarrasser, j’ai pensé à cette idée qui est née de façon spontanée. J’ai compris seulement ensuite que l’idée de travailler avec des personnes non musiciennes me plaisait beaucoup, d’autant que pour beaucoup, ils n’auraient peut-être jamais eu l’occasion d’écrire une chanson avec un musicien. Je l’ai vu comme un bel échange “don/contre-don”.

— Sous quelles formes sont arrivées les propositions ? Avais tu des textes ?

Tout s’est déroulé de façon publique car en effet les messages étaient publiés sur mon mur sur Facebook. Les participants m’ont suggéré leurs désirs, idées et pensées. Je les ai écouté et j’ai transposé leur sentiments en musique, ou du moins j’ai essayé.

— Combien de propositions as tu reçu ?

J’ai publié plusieurs messages sur Facebook et quand je suis arrivé à 11 chansons, j’ai décidé de m’arrêter, sans raison particulière.

— Pourquoi ce titre de disque très étrange ? c’est le code du projet ?

C’est très simple en fait : YOR11 veut dire “vos 11”, de l’anglais "your 11" tel qu’il est prononcé à l’oral. J’ai trouvé que c’était un titre très frais et léger.

— Pour la musique avais tu des structures de chansons avant que les propositions tombent ?

Non, pas du tout. Tout est né au fur et à mesure avec les réponses des participants à mes messages

— La force du disque c’est la profusion des genres. C’était un souhait ?

Oui, je voulais un disque fait de chansons sur mesure, personnalisées et par conséquent les unes différentes des autres tout en ayant un fil conducteur : leurs états d’âme qui sont aussi les nôtres, je pense.

— sans internet il est évident que ce projet ne pouvais pas voir le jour, d’ailleurs sans internet aurais tu quitté ta maison de disque ?

Je pense qu’Internet a été la découverte la plus révolutionnaire du siècle dernier et son potentiel est illimité. Il faut savoir l’utiliser car il peut être aussi bien “diabolique” que merveilleusement surprenant. Internet a beaucoup donné aux musiciens, tout comme à d’autres professionels d’ailleurs : une indépendance absolue tout en entrant en contact avec le monde entier. Aujourd’hui le musicien peut vendre son travail et se faire de la publicité n’importe où. La seule limite étant sa propre créativité et son expérience. Il y a 10 ans, tout ceci était impossible et tout était dans les mains des grandes maisons de productions. Donc en effet cet album est né grâce à Internet car sinon tout aurait été vraiment différent.

— Peux tu nous parler de l’artwork très joli du disque

L’artwork de cet album a été crée par Cesc Grané. Je l’ai connu grâce à Internet (justement). C’est un artiste illustrateur dont la base est à Barcelone. J’ai demandé à tous les participants de m’envoyer une photo d’identité car je voulais également les impliquer dans l’artwork. J’ai ainsi expliqué le projet dans son intégralité à Cesc et je lui ai demandé s’il aurait été capable de transposer ces photos dans son monde artistique tout en les remodelant et en les intégrant avec des éléments liés à la vie de chacun. Il s’est tout de suite montré très intéressé et a accepté avec enthousiasme.

— Je reçois beaucoup de disques venant d’Italie et c’est essentiellement de la musique tournant autour du post rock ou du math rock. Rarement de disques comme le tient. Quelle est ta culture musicale ?

J’ai commencé à écouter de la musique vers la moitié des années 80. A la maison il n’y en avait pas beaucoup et c’est donc grâce aux camarades de classe que j’ai commencé à le faire à cette époque. Je m’intéressais beaucoup à U2, Spandau Ballet, Duran Duran, Cure, Bon Jovi, Guns and Roses. C’est ensuite, pendant les années 90 lorsque j’ai commencé à jouer un peu de musique, que j’ai commencé à fouiner dans le monde musical des années 60 et 70 avec les Beatles, Rolling Stones, Bob Dylan, Jimi Hendrix, Neil Young, Janis Joplin, Bob Marley, Syd Barret et les Pink Floyd. Je suis passé ensuite par la période grunge de Seattle Nirvana, Pearl Jam, Soundgarden, Screeming Tree et le brit pop de Blur, Oasis, radiohead etc. C’est difficile de tous les nommer car les influences sont vraiment nombreuses. Je ne dois surtout pas oublier Tim Buckley, Leonard Cohen, Joni Mitchell, Nick Drake, Nina Simone, Paolo Conte, Billie Holiday, Chet Baker, Edith Piaf, Giorgio Gaber, Charles Mingus, Maria callas, Keith Jarrett et Sergio Endrigo. En revanche, ces dernières années j’ai surtout écouté de la musique classique et musique de film, avec Bach, Debussy, Strauss, Satie, Mahler, Glass, Brion, Morricone, Mancini, Orff, Stravinskij qui sont les premiers qui me viennent à l’esprit à l’instant. N’ayant pas eu d’enseignement académique, je m’abandonne à leurs compositions complexes et je m’en remets à mon oreille. De même, j’écris ma musique à l’oreille.

— Quels sont les premiers retours sur ce disque (j’ai lu une chronique violente sur un webzine français) ?

Je suis plutôt satisfait. Jusqu’ici, j’ai reçu principalement de bonnes critiques de la part de revues et webzines ainsi que de critiques musicaux en France, Grande Bretagne, Allemagne, Italie et Belgique. Il n’y en a eu qu’une seule terrible de la part d’un webzine belge qui n’a vraiment pas apprécié ma musique.

— L’idée de chansons à la commande n’est elle pas une idée d’avenir pour les artistes ? Paradoxalement une vraie indépendance ?

Ça pourrait l’être en effet, même si les chansons commissionnées ont toujours existé depuis que les rois commandaient des musiques pour les bals de la cour. Dans mon cas, c’est bien évidemment très différent puisque c’est un choix délibéré de ma part et donc comme tu le dis, une vraie indépendance.

— Tu pourrais revenir sur un label ? Comment distribues tu le disque ?

Oui bien sur, s’ils valorisaient mes choix et me soutenaient artistiquement. Pour l’instant je fais tout moi-même. Je distribue principalement par le web avec iTunes, CDBaby, et j’envoie directement les disques à ceux qui m’écrivent et les commandent à la fin de mes concerts.

— Tu vends également des lithographies reprenant des visages de la pochette du disque ?

Oui, Cesc et moi sommes en train de nous organiser afin de créer des objets en parallèle du disque qui représentent ses créations. Pour l’instant nous avons créé une édition limitée du l’album : des coffrets en bois avec ses illustrations des participants imprimés à chaud. Pour les voir, tu peux jetter un oeil sur mon site www.orlandoef.com ou alors sur ma page facebook officielle www.facebook.com/orlandoef

— Tu as des dates en perspective en France ?

J’aimerais beaucoup mais pour l’instant je n’ai rien de programmé en France.

— Connaissais tu le concept des compilations de mon webzine ?

A vrai dire, je ne connaissais pas ton webzine qui a été une agréable découverte. J’ai écouté différents artistes dans tes compilations et je profite de cette occasion pour te remercie publiquement de m’avoir impliqué et d’avoir choisi une de mes chansons.

— Le mot de la fin est pour toi

J’espère pouvoir te rencontrer un jour lors d’un concert en France.

Photos de SABRINA GIORDANO



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