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Merci ADA. Oui je commence comme ça, parce qu’avoir la liberté de proposer ce qu’on veut en chronique c’est rare. Pourquoi cette précision ? J’y viens. J’avais déjà tenté l’exercice déontologiquement (déontologie/musique hahahaha) douteux d’écrire sur un pote. Très intéressant de prendre de la distance quand avant tout la musique nous touche.

Aujourd’hui, c’est pire ! Me voici en train d’écrire sur un ami proche, l’autre moitié de REG...Parole à la défense : il a sorti ce disque l’année dernière et j’ai voulu écrire dessus depuis.

Alors je n’aime pas sa musique parce qu’on est potes. Nous sommes devenus potes parce que par hasard (oui oui) je suis tombé sur sa musique et sous son charme (à sa musique hein !). Plusieurs raisons : continuer dans la lignée de John Fahey, la guitare primitive jouée à l’instinct, guitare sèche seule, aujourd’hui, en France : il faut une grosse paire...

Pardon mesdames, il faut du courage, j’aurais peur de le tenter à vous les montrer...

La plupart de ceux d’entre nous qui s’y sont frottés (à l’exercice, pas à sa paire) ont fini par revenir en trio, ou avec un pc, ou encore avec une boucleuse et un rempart de pédales qui leur permet de regarder par terre plutôt que d’affronter les regards souvent hagards d’un groupe en bruyante conversation qu’ils croisèrent par hasard.

Mais pas lui, Jan Morgenson y va, inlassablement, il y croit et nous aussi car ces trois titres ouvrent une fenêtre qui aère l’esprit dans cette aire saturée de morceaux au nombre de pistes rivalisant avec la hauteur des pires hamburgers vomitifs d’outre-atlantique.

C’est pourtant bien un peu d’une Amérique imaginaire qu’il nous raconte, sans mots, mais avec beaucoup d’émotions. Avis donc à tous ceux qui connaissent les mots "introspection" et "voyage intérieur". Prenez ce disque, et si jamais vous avez la chance qu’il passe par chez vous, et que vous êtes capable d’écouter un concert (d’écouter vraiment), que vous savez que les oreilles fonctionnent mal quand la bouche parle trop, et bien prenez la barque qu’il vous propose car le voyage est magnifique, magnifié. Imaginez donc "Concatenation" joué en toute pudeur devant vos yeux, ses doigts se promenant, cherchant la note ultime, faisant de douloureuses acrobaties de poignet pour vous inviter à une profonde sérénité. Une guitare, un homme, témoins de l’intemporalité du folk pour ce "studio" qui navigue selon les courants impénétrables de l’âme humaine.

Vogue l’ami, vogue, gonflons donc ses belles voiles.




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