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Connaissez-vous le sens du mot groove ? Le groove doit vous prendre par surprise. Par exemple alors que j’écoutais le disque serti dans un beau digipack j’avais les pieds qui partaient sur leur propre rythme, les mains aussi, et je sentais bien que j’allais finir par me cogner la tête sur le clavier. Je me suis levé et ai exécuté quelques pas dont j’ai le secret pour calmer la fièvre rythmique qui s’emparait de moi. La raison de cet emballement ? Elle est simple...euh non en fait elle est doublé héhé !

Le groove seventies m’a toujours rendu dingue, celui qui vient de la soul-funk et a fini dans le gouffre du disco-funk. Aux Etats-Unis la géographie compte beaucoup dans les courants musicaux et dans ce vivier de boules afros, il y a le son de Philadelphie qui résonne au delà des âges, mais aussi celui de San Francisco, là où notre duo a brûlé la maison, sûrement motivé par l’aura de Sly And The Family Stone. Mmmh que du bon, le maître du métissage musical (et culturel) rôdant autour je ne puis que devenir dingue.

Mais il y a aussi ça : Burning House est composé d’un membre de Blackalicious ! Qui ? Filez donc écouter The Craft ou le magnifique Broken Arrow. Un des rares groupes de hip hop que j’adore car connecté à ses racines musicales (un feat avec Gil Scott Heron par ex) à l’instar d’un The Roots (de Philadelphie tiens donc). Mais aussi, l’autre partie du duo est un français ! Et probablement un de nos plus talentueux : RV Salters aka General Elektriks (que j’ai connu parce que mon plus vieux pote et guitariste en chef Eric Starczan y a joué), groupe excitant au possible qui avait permis de croire que popularité et qualité esthétique et musicale pouvaient marche ensemble en France...encore une idée américaine ! Est-ce qu’un Stevie Wonder en France aurait été possible ? Je préfère ne pas répondre. Toutes les conditions réunies donc, ne reste plus que la confirmation...Je n’y vais pas par quatre chemins : "Walking into a burning house" est une putain de réussite totale !!!

Quatorze titres, que des tubes, au sens outre-Atlantique du terme. Car oui le mot tube fait peur par chez nous, qui avons subi l’ère Eddy Barclay et l’exception de la médiocrité culturelle française (alors qu’on l’a l’exception bordel, mais où entend-on ces merveilleux artistes français qu’on chronique par chez nous ???). Mais ici pas de ça, alors que les plus réticents auront déjà les fesses en train de bouger sans leur consentement, les autres s’accorderont à dire que quand San Francisco s’éveille on s’émerveille.

C’est donc un voyage dans les braises d’une maison qui brûle depuis plus de quarante ans qui vous attend. Là où le rythme tient la barque mais où la mélodie fait aussi des siennes. Mange-toi "Turn off the robot" et reviens mon ami ! Les sons sont hallucinants, le décor planté, la capote de la bagnole envolée, on y est : en virée sur le Golden Gate Bridge !

"Post party stress disorder" est ce genre d’ultime tube à dancefloor, avec ce goût mainstream alambiqué d’autrefois. Trouvez-moi un club qui passe ce morceau et j’irais enflammer le dancefloor, Travolta n’a qu’à bien réviser ! Burning House n’a pourtant pas que cette ambition à offrir, et même si le rythme reste une de leurs préoccupations principales, le travail des sons est chez eux une obsession. A écouter leurs projets respectifs ça paraît clair, et ils n’ont pas leur pareil pour offrir des sonorités à la fois novatrices autant que référencées. Il suffit d’écouter "The nightbird" pour comprendre avec cette richesse hallucinante, sa guitare wah wah (on apprendra que les sons qui ressemblent à des guitares sont en fait dus aux claviers de RV, je vous le dit : hallucinant)... "Emergency exit" va dans des registres complètement cinglés nourrit de jazz maladif tandis que "Frozen conversations" reprend les choses à contrepied avec lenteur, beauté et imagination tout en sonnant presque comme une gueule de bois. Complexe mais pas compliqué, le duo nous lance un "Copy That" entêtant et inventif. Le problème avec ce genre de disque, c’est qu’on veut tout décrire, car tout y mérite une attention ! Mais ça reviendrait à aller dans le sens inverse de l’œuvre décrite. Pourtant je ne peux pas résister de vous parler de "Whispers in your headphone" et de son attrait électro-pop funky. Saveur explosive, un peu celle qu’on avait trouvé chez un autre duo vertigineux : Your Happy End, tout comme dans "Rythm in the machine" et ses sons 80’s. Qu’ils nous reviennent vite comme "Boomerang" et son funk-rock psyché qui tâche grave.

Le superbe livret témoigne de cet esprit patchwork tenant souvent du bricolage et de fulgurances. Après tout, trois ans d’enregistrement, trois villes (San Francisco, Paris, Berlin), deux têtes bourrées d’idées, ça a de quoi donner dans le cocktail molotov sonore. Et le mixage de Mike Cresswell a réussit la mission de faire sonner tout ça ensemble avec une dynamique parfaite.

Equilibré aussi car en à peu près trois quart d’heure et quatorze titres la cartographie musicale est impressionnante. Ces mecs connaissent leur sujet sur le bout des doigts et savent aussi ce qu’on en attend ! Comment se faire plaisir en faisant plaisir, c’est un peu ça qui ressort de ce disque à la fois virtuose mais avant tout terriblement accrocheur et immédiat.

Notre duo maîtrise son vocabulaire des sons mythiques sur le bout des doigts. Il en a fait sa propre grammaire de son côté et en a créé encore une autre en donnant un nom à leur collaboration, un nom à retenir ! Que la maison brûle pour longtemps !!!




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