De ces liens que l’on tisse avec les bandes sonores de son passé, on retient des émotions. Parfois des ombres. Et des voix inoubliables. Jeunesse indie, dont on ne s’est, bien sûr, jamais vraiment remis. Au moins, nous, sommes-nous encore vivants. Pouvons-nous écouter A Grave With No Name...Dévaler à toute blinde, ce disque, ces morceaux...Autant d’éclats parfaits de nos années sublimes, celles du rock incendiaire, suicidaire, saturé, à l’écart, à l’envers...Et même si les restes, ce qui nous sert de corps, de canne à la main, nous obligent à regarder le miroir avec la douceur d’un temps apaisé. Whirlpool remet le feu aux poudres. Parfois des larmes aux yeux.
Parce que défilent tant d’errances, de sincérité, la puissance d’une musique au bord du gouffre, mais gorgée de vie et de luttes. De mélodies caressantes, d’envolées noisy...Dans une main la délicatesse et la force. Le sentiment d’invulnérabilité que l’on sait illusion, que l’on s’accorde le temps d’une échappée shoegaze. Reviennent à la surface tant de losers magnifiques, de destins narcotiques, façonnés par la liberté lucide, ce grain de désespoir qui toujours s’infiltre dans les rouages mélodiques, et qui ronge et corrode et dégrade les lignes pures...Guitare sale, insolente, indécente...qui s’effondre dans les pleurs...Voix traînante, à la nonchalance trompeuse. Voix céleste plutôt, qui ne regarde plus terre. Soudain trop consciente d’une réalité insupportable. Et qui se jette dans la beauté, à corps perdu...Et les notes aériennes, la gravité, la profondeur des cordes.
Whirlpool est bien plus qu’une collection magnifique de chansons que l’on aurait pu entendre chez Sparklehorse...C’est un fragment de jeunesse éternelle.