Il y a comme quelque chose de paradoxale que d’enregistrer une œuvre faite dans l’improvisation, le fruit quasi unique de celle ci. Ou alors devons nous prendre cette offrande comme celle que la mer met à la disposition du filet du pêcheur ?
Ce disque de Niton serait donc une offrande de la musique faite à des musiciens qui n’ont comme unique directive que d’essayer de coordonner de façon artistique des sons qu’eux mêmes ne maitrisent pas totalement. En d’autres mots, une troupe de musiciens qui sont à la musique ce que certains artistes sont à l’art ou des usurpateurs, ou des faiseurs de questions, des pilotes de nos rêves. Dans le cas présent, comme la synthèse n’engendre pas une structure totalement incapable d’être modélisée, nous pouvons y trouver suffisamment de repères pour ne pas avoir l’impression d’être sanctuarisé dans un cube de sons, les scories rebondissant sur des murs élastiques. Niton est même un projet que l’on pourrait presque ranger dans le mainstream de la musique contemporaine, tant on se surprend presque à suivre ce chemin qui n’est pourtant pas fléché. Vous n’avez rien compris ? moi non plus je pense, mais qu’importe, j’ai passé un bon moment.