L’un des écueils les plus difficile à surpasser quand nous touchons à la virtuosité, c’est celui d’en mettre plein les oreilles, de prendre un plaisir de musicien a défaut d’en donner à l’auditeur. Aurélien Terrade se cache derrière l’anagramme presque pompeux d’Artuan de Lierrée, donnant à ce projet une coloration presque médiévale. Nous nous projetons dans les coursives d’un château (je m’imagine encore enfant aux abords du château de Pierrefonds) comme celui qui semble être la couronne d’un loup sur cette pochette tout aussi énigmatique que le pseudonyme. Tout est donc fait pour faire de « K » un cas (je sais elle est facile) à s’infliger, une énième marotte d’un musicien qui ne veut pas se retrouver dans une catégorie, mais qui s’en invente une aussi exiguë que le champs de vision d’un supporter d’un club de foot.

Mais Artuan de Lierrée en parfait chasseur de son, va nous prendre par surprise, va nous préparer une réception que nous n’attendions pas, fait comme un cerf qui aurait quatre meutes représentant les 4 points cardinaux. Sauf que dans cette position le cerf n’a plus pour longtemps à vivre, que sa vie ne tient plus qu’a aucun fil, alors que nous le fil de cette musique nous allons pouvoir le suivre, nous enrouler avec celui ci, danser, chanter prendre un plaisir fou. La meute que nous avions aux trousses étaient celles des préjugés qui volent en éclat, illuminant une musique qui sait se faire tout à la fois respectueuse de ses références anciennes (Satie, Poulenc, Debussy) et plus récentes (GYBE ou Radiohead). Les deux combinent, nous rappelant la démarche d’un Yann Tiersen vivant entre ces deux influences. « K » nous prend, nous chamboule, nous irradie, et donne au moment que nous partageons la facture d’un moment de grâce.

Inventif et toujours dans la séduction, ce « K » est un acte créatif d’une grande intelligence, d’une grand ouverture, et d’une virtuosité qui sait être bon prince. Veuillez tous entrer maintenant.