Souvenez-vous : déjouant les bookmakeurs, Kurt Cobain et sa bande, par une alchimie divine que nous peinerons toujours à expliquer, devint, en ce début 90’s, le groupe de rock le plus vendeur au monde. Dès lors, le business, flairant le coup juteux, s’accapara tout et n’importe quoi du moment que l’étiquette indie-rock y était accolée. Du pire (Soudgarden) au convenable (Pearl Jam) jusqu’au meilleur (Sonic Youth). Laissé sur la route, comme un vulgaire hobo dont même le Ernest Borgnine de « L’Empereur du Nord » n’en voudrait pas les loques vestimentaires, Yo La Tengo, groupe pourtant majeur, passa à-côté du jackpot. La faute à un physique pas vraiment taillé pour Top of the Pops, à une bonhomie suburbaine qui n’incita jamais le couple Ira Kaplan /Georgia Hubley à composer une chanson volontairement commerciale (sauf, peut-être, sur le très électrique « May I Sing With Me »)… Et sans doute en t-il fut mieux ainsi : outre la tragédie qui frappa Nirvana, qui s’intéresse encore aujourd’hui à des groupes (« grunge », comme on disait) tels que machin et machin ? Yo La Tengo, en revanche, et quand bien même il ne quitta jamais la sphère élitiste des « groupes mineurs que l’on n’échangerait pour rien au monde », est toujours là, capable annuellement de sortir un album souvent de très haute tenue.
De là à dire que Yo La Tengo fit école, n’exagérons pas… La chance d’YLT ? Avoir su échapper à toutes formes de pressions et poursuivre un chemin résolument en marge des tentations compromettantes. Son dilemme ? N’avoir jamais réussi à dépasser son vieux cercle d’aficionados.
Pourtant, aujourd’hui, les Seattleites de Posse, sur « Soft Opening », retrouve certaines caractéristiques inhérentes à la paire Hubley / Kaplan : la douceur harmonique dans des soudaines éruptions volcaniques, un mélange masculin / féminin, des guitares électriques mais contenues (pas loin du folk-rock), un aspect rêveur (voire songeur), une sensation de bien-être… Les anciens fanatiques de Teenage Fanclub, Pop Will Eat Itself, Sammy ou donc Yo La Tengo devraient y trouver leurs comptes. Pour les autres, voici un lien rêvée vers des « icônes undergrounds » qui valent cent fois plus que certains groupes actuellement portés au pinacle par une presse ayant souvent l’oreille bien sourde…