La seule lecture des titres des chansons de « Summer At Land’s End », le quatrième album des franciscanais de The Reds, Pinks & Purples, transparents quant à leur sujet – le panache douloureux des défaites sentimentales – m’a convaincu que j’avais affaire à un disque fabuleux.
Et donc, avant même de l’écouter, j’ai tranquillement fumé une cigarette sur mon balcon parisien, contemplant les derniers rayons de soleil, heureux à l’idée que j’allais prendre mon pied en égrenant des mots et des impressions qui me toucheraient moi avant toute chose. Imaginez le fantasme de chroniqueur quarantenaire : un avatar californien de Sarah Records signerait The Smiths et les enverrait en Nouvelle-Zélande, pour un stage commando pop sous l’égide de Flying Nun Records.
« Summer At Land’s End » est sorti en janvier dernier, mais à ADA on ne voulait pas passer à côté : de l’eau (rêveuse et planante) a coulé sous les ponts. Glenn Donaldson et son groupe ont depuis publié sur Slumberland Records (Girls Names, The Wolfhounds, Veronica Falls, etc.) un autre album (« Still Clouds at Noon ») et un live (« Heaven Help Us We’re Too Attractive »).
En poker, on appelle ça une quinte flush royale. Et quitte à parler de poker, autant dire que The Reds, Pinks & Purples perdrait chaque partie : incapable de masquer leurs sentiments, ils avancent à visage ouvert, avec une simplicité et une rare – donc précieuse, sans préciosité – candeur jangle dream pop. Il y a dans les chansons de « Summer At Land’s End » un naturalisme pop qui laisse bouche bée. Zéro posture, zéro cynisme, ça fait un bien fou, même si on a envie de leur rappeler que quand on porte en pendentif son cœur autour du cou, il ne faut pas s’étonner que les gens s’en servent comme un crachoir. Ce qu’aucune personne sensée et sensible sur cette foutue terre ne fera, tant Glenn Donaldson et ses acolytes, par leur générosité et leurs mélodies intemporelles, se montrent amicaux. L’amour est le chemin, suivons les arbres rouges, roses et violets.