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Gold Parade

Bizarrement il s’agit du dernier titre enregistré pour cet album. A la fac, les profs nous enseignaient souvent que l’introduction d’un mémoire ou d’une dissertation se faisait en dernier, une fois que chacune des parties avaient été rédigées. Et c’est vrai, pour cet album il a fallu finaliser le contenu avant de pouvoir déterminer l’état d’esprit général, car je n’avais aucune idée de ce qui allait ressortir de ce travail de composition. Pour cet album, je suis passé de la simple accumulation de titres, enregistrés pour savoir si j’étais encore capable d’enregistrer seul en dehors de Rome Buyce Night, à la vision d’une esthétique un peu conceptualisée pour ce side project. L’idée aussi était de reprendre la guitare que j’ai laissé tomber depuis dix ans pour la basse au sein de Rome Buyce Night, même s’il m’arrive de faire quelques incursions en post prod à la guitare. Il m’a fallu du temps pour déterminer l’esthétisme de cette musique enregistrée pour Horse Temple comme un clair obscur à l’image du contraste que l’on retrouve dans le cinéma expressionniste allemand. Une musique fantomatique, une pièce Shakespearienne. D’ailleurs la pochette en est là parfaite illustration. Elle a vocation à présenter, dès qu’on l’a en main, la musique de cet album.

Ce premier titre comme la pochette illustrent justement cette fascination pour l’architecture et l’atmosphère mystérieuse voire fantomatique qui se dégage de certain lieu. Cela m’avait frappé lors d’un passage à Berlin. L’idée m’est alors venue de concevoir une musique à l’image de cette ville, associant la gravité, la plénitude et le dynamisme que l’on y retrouve actuellement. L’histoire, ses drames sont à chaque coin de rue d’une certaine manière. C’est ce qui donne le côté menaçant de certain passage de cette album. C’est pour cela que je voulais composer un titre un peu monolithique, à l’image d’un temple antique (d’où le nom du projet) et une rythmique un peu martiale, comme celle qui fixe le tempo d’une galère.

Avec ce titre, l’idée était d’annoncer clairement la couleur, de trancher avec l’esthétique psyché développée avec Rome Buyce Night, que l’on retrouve néanmoins dans certain titre de l’album, à savoir des nappes de sons/d’instruments qui se superposent. Au contraire, Gold Parade fait la part belle au silence, aux rythmes lents, aux orgues qui occupent dans cette album une part importante, ainsi qu’à l’orientalisme que l’on retrouve dans Ghost Parade ou Gibraltar. Ici place à la respiration. Un moment hors du temps, de quoi rompre avec le second titre qui a lui vocation à rentrer clairement dans le propos.

Tight Fight

Un titre plus classique, plus direct. Qui doit faire sonner la poudre, après l’introduction du précédent titre. La guitare en est la colonne vertébrale. Avec une rythmique monolithique qui contrebalance avec la fragilité de cette guitare au bord de la rupture. Une volonté de répétitivité, comme pour faire de l’électro avec des instruments organiques et une esthétique cold wave mais avec un traitement volontairement crade.

INR Berlin

Un titre qui accentue l’idée de tension déjà développée pour Tight Fight tout en proposant une variation sur ce thème. Mais en diminuant la pression exercée sur l’auditeur. Ici on laisse la musique se développer dans le cadre d’une longue introduction. Jusqu’au développement de la rythmique avec son esthétique shoegaze assimilée au sein de Rome Buyce Night depuis l’album Micro Sainte. Mais avec la volonté de donner plus de groove avec l’utilisation d’handclap pour adoucir le propos avec en contrepoint un break mettant en scène un orgue fantomatique et une guitare hurlante et décharnée. Après cette tension développée sur le premier titre de l’album, j’ai voulu adoucir le propos pour finalement conduire l’auditeur dans des contrées pourtant plus sombre à certains moments. En visitant Berlin, on a cette sensation d’être au cœur de l’histoire et de ses drames. Et cela se ressent dans ce titre. Néanmoins, ce dernier est à mon sens plus positif, avec cette forme volontairement plus légère.

(c) David Buisson

Hello, Monster

Hello, Monster illustre parfaitement l’idée initiale qui consiste à composer en utilisant des instruments autres que ceux habituellement utilisés au sein de Rome Buyce Night. C’est un titre conçu avec une guitare folk et un synthé. Le son y est plus chaleureux, plus acoustique. L’idée est de faire une pause dans le déroulé de l’album. Mais là aussi ce n’est qu’un leurre car il conduit l’auditeur dans des sonorités plus étranges. Avant le climax produit par Gibraltar.

Gibraltar

Ce n’est pas le premier titre composé pour cet album. Néanmoins ce dernier en est le plus important. C’est avec Gibraltar que j’ai pu définir l’esthétique du projet Horse Temple. L’utilisation de l’orgue, les rythmiques monolithiques, la tendance à l’orientalisme. C’est en travaillant dessus que j’ai véritablement découvert l’identité de ce projet et le thème. Ce titre évoque bizarrement le dédale d’un voyageur à travers les différents quartier de la ville. Un voyage avec une part mythologique, comme la descente d’Orphée vers les enfers pour y chercher Eurydice.

Asphalt Outfit

Un titre qui a été enregistré à l’envers. Je n’enregistre jamais la rythmique à la fin. A l’origine, il a été envisagé sous la forme d’un titre plus ambiant et plus abstrait, avec une rythmique électro. Après plusieurs écoutes je me suis rendu compte que ça ne marchait pas. Que le titre était vraiment bancal. A la dernière minute, j’ai décidé de doubler la rythmique initiale qu’on entend en introduction de ce titre, par une batterie plus classique, avec l’idée d’y ajouter plus de groove. Et ça a collé du premier coup. Le résultat est celui qu’on entend sur l’album. Un titre qui est sorti de l’abstrait pour gagner un chaleur et en luminosité. Une évocation du voyage qui contrebalance à l’instar de Hello, Monster la gravité de certains titres de l’album comme Gibraltar. Mais ici il n’y a pas ici de chausses-trappes pouvant décontenancer l’auditeur. L’écoute ne se fait qu’au premier degré. Dans un album moins sombre, nul doute qu’Asphalt Outfit aurait pu paraître plus insignifiant. Mais dans le contexte de Ghosts / Tracks, c’est un moment de réelle plénitude et de liberté que j’apprécié à chaque écoute.

Gold Parade

Le premier titre enregistré. Exceptionnellement ce dernier n’a pas été composé en solo. Il s’agit d’une collaboration avec un des membres de Rome Buyce Night, Antoine Ducoin. Une expérience d’autant plus particulière, que l’enregistrement a été effectué à plus de 8 000 km de distance par le biais de la toile, Antoine étant installé aux Etats Unis à l’époque, et moi à Paris. Un titre final sous forme de parcours cabossé entre post-rock, orientalisme et musique électro. Cela donne un final volontairement Dantesque qui apporte une conclusion sous forme de montée en puissance.



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