Chansons folks, brutes dépouillées, en français. C’est ainsi que se présente Nesles, qui s’il n’est pas un perdreau de l’année (3 albums et quelques EP à son actif) n’avait pas encore été repéré par nos services. Alors la présentation vaut ce qu’elle vaut. Elle pourra certainement trouver une niche, ou un nid conçu avec la couronne de fleurs (ustensile à la mode en ce moment sur les pochettes de disque), mais elle limite quand même pas mal ce EP si on considère le mot dépouillée comme un gros mot qui certes signifie que l’on ne cache rien, mais qui en même temps suggère que tout est sur la table avec la sincérité qui manque à ceux qui habillent habillement.

Sauf que Nesles si ses chansons ne sont pas habillées pour pouvoir défiler dans les oreilles des acheteurs compulsifs de musique, il doit quand même vous avouer que ces chansons sont habillements apprêtés. Elles qui portent un l’écriture simple, belle et poétique, sont vêtues d’un apparat subtil mais qui entraine un sourire chez l’auditeur, tout à la fois conquis par la mélodie et le texte et ce petit gimmick sur le refrain qui tournera comme une ritournelle bienveillante. Impossible de passer à côté d’un titre comme « Et la pluie s’est arrêtée » (pas si impossible ceci dit car nous n’avons pas été fichu de la sélectionner pour le volume 34 de nos compilations), comme si le meilleure de la chansons française était convoquée, sans emphase, sans posture, sans facilité, juste avec simplicité, classe et talent.

Sur les 5 titres Nesles pausent un œil sur les petites vies, les grandes questions, mélangeant savamment tout cela. Ils abordent des questions de l’intime dans des paraboles qui ne souffre d’aucune comparaison. « Nu » est un EP tout aussi sincère que jouant des images pour aborder la vie par la face sa plus proche, empruntant au folk sa grille de compréhension et à la langue française sa serre toujours vivace. Un disque pas totalement à poil, mais attirant à l’oreille.