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Il est tellement discret qu’on a bien failli ne pas le voir passer, cet EP. Et cela aurait été bien dommage, vu sa qualité. En quatre petits morceaux, Charlie Cunningham assure la transition hiver/printemps avec plus de brio que n’importe quelle sortie en grandes pompes du moment.

Ca n’a l’air de rien, et pourtant : réussir à apprécier un album aussi bien écrasé de chaleur que terrassé de froid est généralement bon signe. C’est le cas avec ce Breather EP, petite pépite de folk indé dans la veine de Bon Iver et Nick Mulvey, qui se place aussi bien à l’heure de la sieste que sur les coups de cinq heures du matin, pris d’une violente insomnie à se demander si fumer une troisième clope en regardant par la fenêtre la ville qui dort est bien raisonnable.

C’est d’abord le charme simple du duo guitare/voix accompagné de quelques instruments discrets et choeurs blindés de reverb qui séduit. C’est apaisant, loin des bruits de tous les jours, de la ville et de ses voitures, de la société de consommation, de la folie quotidienne. Quand bien même cette expression est employée à tort et à travers, l’on est tenté de dire que c’est hors du temps, pour de vrai. Grâce à Charlie Cunningham, on oublie toute notion extérieure et le petit quart d’heure que dure Breather est, sans mauvais jeu de mot, une véritable bulle d’oxygène pur qui fait du bien à nos poumons auditifs.

Puis ce sont les mélodies qui s’imposent comme la force motrice de cet EP. Car, à bien y réfléchir, des sorties qui nous promettaient cette ambiance bord de lac/cabane en bois/retour aux sources, on en a vu pas mal ces dernières années, mais beaucoup se sont cassées la gueule en chemin à cause d’un manque d’écriture vraiment intéressante. Ici, au bout de la première piste, tout semble évident. On se laisse porter par la confiance que le titre éponyme nous renvoie. C’est agréable, comme si on réentendait pour la première fois depuis des années une comptine que nos parents nous chantaient pour nous endormir, enfant.

On ne sait pas ce sur quoi va déboucher cet EP. Peut-être un album, ou bien un autre EP, ou bien rien du tout. Fidèle à sa création, Charlie Cunningham est discret. Mais quand bien même le bonhomme déciderait d’en rester là, après Outside Things sorti l’année dernière, ce serait une très belle chose à garder dans un coin de sa discothèque. Le genre de trucs à se passer au creux de l’hiver pour se réchauffer et au début de l’été pour les premières virées au bord de l’eau.




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