Ça ne vous aura probablement pas échappé, après un long silence, Aphex Twin est de retour. D’abord avec un album, Syro, sorti fin 2014. Bien sûr, l’album divise, ne serait-ce qu’à cause de la communication qui l’entoure. Est-ce vraiment un grand retour ou un grand flop ? Alors que la toile débat de ces 12 pistes auxquelles on peut surtout reprocher d’être moins déroutantes et géniales que ce à quoi Richard D. James a pu nous habituer par le passé (hashtag euphémisme), voilà que le maestro semble vider son grenier sur un compte Soundcloud, puis un autre, 160 titres en téléchargement gratuit. Une véritable chasse au trésor se lance qui mobilise les fans en manque du moindre bruit qui aurait pu être plus ou moins organisé par Lui.
J’avoue avoir écouté d’une oreille assez distraite le début de cette playlist qui relevait surtout du grand déballage de bouts d’essai non aboutis dans lequel il était très difficile de trouver quelque chose de vraiment intéressant en soi. Mais cela avait le mérite de dévoiler un esprit, une façon de travailler.
Et voilà qu’AFX prend encore tout le monde de court début 2015, en sortant un EP au nom à rallonge : Computer controlled acoustic instruments Pt. 2. Une vraie surprise. Bien sûr, son retour était une surprise. Mais cet EP, ce travail de la matière acoustique par l’électronique nous transporte réellement sur un autre plan. Le piano et la batterie sont à l’honneur. Le premier est trituré, torturé, préparé et parfois joué, tandis que la seconde, accompagnée d’éléments rythmiques aussi divers que votre imagination peut l’imaginer, sonne divinement bien. Car ce qui frappe tout de suite, c’est la qualité du son. Elle nous marque tout au long de ces 28 minutes . Dans la catégorie fil rouge, on trouve aussi une inspiration puisée dans le travail des compositeurs du XXème siècle, un rapport à la musique parfois presque scientifique, une attitude de chercheur en minimalisme qui se traduit ici par une grande efficacité. Pas de déchet, juste l’essentiel.
Bien sûr, le voyage est chaotique, les compostions truffées de ponts inattendus au point qu’il nous semble parfois arriver au bout d’un morceau… et non ; bien sûr, l’ensemble est aussi inégal que la durée des pistes, mais c’est ce qui fait la force de ce disque. diskhat ALL prepared1mixed 13, titre d’ouverture, est une grande réussite ! Le groove de diskhat1 est absolument irrésistible et les fulgurances s’enchaînent (DISKREPT4, DISKREPT1...), entrecoupées d’O.M.N.I parfois assez improbables qui contribuent à la richesse de Computer controlled acoustic instruments Pt. 2.
Ne cherchez pas de Part 1 à ce Part 2, il n’y en a pas. Ou du moins pas encore, car on est en droit de se demander où Richard D. James va aller maintenant. Peut-être que la première partie surgira d’ici quelques temps dans un recoin obscur du web. Quoiqu’il en soit, pour ceux qui en doutait, Aphex Twin montre qu’il est encore bien là et pas à court d’idées.