Derrière ce nom reptilien et un artwork énigmatique, attirant et assez vite envoutant par les déséquilibres qui structurent sa composition, on retrouve Vincent Dupas (My Name Is Nobody) et Evan Hydzik (Pillars & Tongues) qui signent, avec « Summer in the Polar Vortex » un de ces disques qui justifient à eux seuls l’existence de la function “repeat all” sur nos platines et la pratique intensive de l’écoute horizontale, de préférence dans la pénombre.
Les quatres compositions de “Summer in the polar vortex” sont à la fois extrêmement cohérentes dans leur ensemble et riches des détails des compositions de chacune d’elles qui se dévoilent au fil des écoutes.
Sur une base « simple » de guitare, contrebasse, clavier, Vincent Dupas et Evan Hydzik enrichissent leur composition de bruits de rues, d’oiseaux, de cloches, de boucles rythmiques qui ouvrent large le champs des possibles de nos imaginaires.
Sur « Uptown early morning a mist covered lake » qui ouvre le disque, ou encore sur « All along the lakeshore trail » qui le clôt, le trait d’union vers les artistes du label Constellation se fait assez naturellement (surtout vers les premiers enregistrements de A Silver Mt Zion période « Born into trouble as the fly upward ») ou vers les premiers albums slowcore de Low.
La présence accrue de boucles et d’ambiance d’inspiration électroniques sur « From where I’m standing it could be the sea » accroit encore le pouvoir hypnotique et ouvre une autre filiation possible vers une hybridation entre Pan American ou Labradford avec la qualité harmonique de A Winged Victory for the Sullen.
« July 4th 2014 » qui clôt le volume 37 de nos compilations, est le morceau le plus court et le plus léger, qui distille une forme étrange de légèreté, de suspension du temps et de plénitude aussi réconfortante que troublante.
Avec « Summer in The Polar Vortex », Serpentine nous offre ainsi en ce début d’automne un remède contre le temps qui nous file entre les doigts tant celui passé dans ce vortex polaire semble sans fin.