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Birthdayz : un titre trompeur, faussement enjoué. Certes, Rebeka Hasson célèbre, par cet intitulé, de nombreuses choses : ses quarante ans (le 30 avril dernier), son cinquième album et (tout de même) dix années de carrière. Mais, de toute évidence, au-delà des festivités, l’atmosphère générale préfère ici le morose, la colère amadouée plutôt qu’un enthousiasme certainement hors sujet. Car Birthdayz est un album inquiet, parfois douloureux malgré le soyeux de ses orchestrations. Un disque d’ici et maintenant.

Comme toujours, Rivkah agence une sorte de journal intime musical. L’auditeur, plus que des confessions (cette artiste pratique la pudeur), y découvre des humeurs, des allégories, des interrogations. Les titres indiquent pourtant dans quelle ambiance Rebeka imagina ces dix nouvelles compositions : « 13 » (pour 13/11/15), « Madeleine Riffaud » (hommage à la résistante poétesse), « A Life Alive » (Et la vie continue, disait Kiarostami)… Comme pour les derniers Murat, Cloup et PJ Harvey, l’époque imprègne les chansons de Birthdayz ; mais presque par inadvertance, parce qu’on ne peut plus écrire (même inconsciemment) sans se positionner face au monde contemporain. Rien de social, heureusement. Rebeka, on le sait, n’est pas du genre à exprimer une opinion dans laquelle tout regard critique évacuerait l’ancrage personnel. Au contraire : c’est en partant d’elle-même que Rebeka dessine, peut-être sans le vouloir (mais qu’importe), un état d’esprit global, une pensée identificatoire (nous sommes de la même génération, nous avons écouté les mêmes disques, nous vivons l’année 2016 avec le même désarroi).

Il s’agit pourtant du disque le plus orchestré, le plus swing parfois, de Rivkah. Mais quelque chose résiste à ce souhait de bonne humeur. Shara, le quatrième ouvrage, contrebalançait le spleen par un plaisir ludique à composer puis enregistrer de nouvelles chansons. Birthdayz, lui, malgré l’évolution musicale de son auteure, n’a pas vraiment l’esprit tourné vers le rêve ou l’espérance. Birthdayz est un album écrit au présent, dans l’indécision et la tourmente. L’avenir reste inconcevable, et le passé renvoie au « plus jamais ça » godardien. Birthdayz prophétise la mise à mort de la République par des citoyens n’ayant plus rien à perdre.




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