Le climat est en changement, et ce n’est pas l’arrivée de l’ensemble des saints du calendrier sur la face atlantique des États unis qui nous contredira. L’été n’est plus où on l’attend, le printemps est sur liste rouge et l’hiver ne se manifeste que par colère. L’automne et son explosion de couleur lui reste fidèle rendant même son rayonnement de plus en plus vaste. Jimmy LaValle n’est pas météorologue, mais il a bien compris que la terre ne tournant plus rond, une dérive des continents n’est plus si lointaine, et il serait temps de pactiser avec les gens du froid afin de ne pas guerroyer le jour de la jonction. Entouré de la bande de sigur ros, Jimmy LaVille donne à ses compositions des reliefs de Scandinavie sous le soleil de la Floride sans aucune fonte des glaces, frisant le retour du labradford dans les abîmes terrestres. Disque organique et minéral, "in a safe place" est un refuge que nous n’osions espérer dans une telle période de manque de repaire. Sigur Ros se demande même ce que la solitude d’un groupe peut amener comme perturbation et se montre espiègle et tendre sur un over the pond monumental. Mais tout est ici monumental, un album de démesure à taille humaine, un château ouvert à tout vent, un album face auquel l’on ne se sent pas écraser par le poids, mais plutôt vers lequel nous sommes aspirés, charmés et attendris par une musique que les anges, qui eux ne connaissent pas les murs, doivent jalouser venant d’un homme d’en bas. Album majestueux, in a safe place trônera avec politesse et sens du partage en haut de notre chapelle des souvenirs, il y fera toujours bon vivre. Chef d’œuvre.