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Sur la très courte piste homonyme du deuxième EP de The Sleeping Years, nouvelle identité musicale de Dale Grundle autrefois à la tête des géniaux Catchers, on peut entendre cette phrase : « I slept for several years, far from the one that you remember ». Si en effet, le temps a pu sembler long à l’auditeur aux aguets du moindre signe de l’Irlandais, il peut désormais courir le monde et annoncer le retour du messie. Et un retour en grande forme encore. Jugez plutôt : deux Eps coup sur coup –Setting Fire To Sleepy Towns et Clocks & Clones-, parus respectivement en juin et novembre 2007 à la suite de You & Me Against The World (mars 2007) évoqué dans ces colonnes.

Setting Fire To Sleepy Towns ouvre l’EP du même nom. Arpèges pluvieux et la voix de Grundle vibrante d’émotions. Suivront « The Sleeping Years », court titre pop aux accointances folk flatté par un mellotron duveteux, « Macosquin, Coleraine » implacable machinerie avec clapements de mains, et l’instrumental « Withonlythestarstoguideus » parfaite illustration sonore d’un possible documentaire sur les fonds marins. « Kerscaven » et ses arpèges cotonneux comme tressés dans l’instant, clôt le maxi.

Cloks & Clones donne à entendre l’un des plus saisissants morceaux de l’année 2007 : une batterie évoquant la marche d’une voiture de chemin de fer, un motif de guitare comme élaboré par observation d’un cheval qui se cabre et surtout la voix de Grundle démultipliée, en écho sur la fin de ce titre rassérénant. « Nearly Got It Made » plus anecdotique, « Streamlined », presque sombre et « Untroubled » -la voix confondante de justesse de l’Irlandais et les arpèges lacrimales de sa guitare- prennent la suite. « Strays » et sa guitare caressante comme jouée au coin de l’âtre, formule la promesse d’un retour prochain. Un retour prévu en mars, pour un long format à paraître chez Talitres.

PS : Rendez-vous sur le site du groupe afin de connaître la méthode la plus sûre pour se procurer ces deux EPs indispensables, limités à 750 exemplaires, numérotés, signés par Grundle et glissés dans des pochettes cartonnées artisanales élaborées par Pika Pika. Elles illustrent superbement le thème du disque : le titre de Setting Fire To Sleepy Towns est par exemple gravé au moyen de lettres métalliques portées au rouge et Clocks & Clones s’ouvre en déchirant selon deux axes prédécoupés une languette qui découvre l’intérieur d’un boîtier carton frappé de motifs d’un mécanisme d’une horloge