Ce serait leur quatrième album. Ils fêteraient 13 ans de carrière. Ils seraient belges. Ils seraient deux. Mais sommes nous vraiment assurés de la véracité de ces informations. Pouvons-nous croire notre informateur, ou si c’est le cas, devons-nous nous séparer de lui. Le lester de quelques grosses pierres, et jeter son corps au fond d’un fleuve, en calculant tout afin que le corps ne remonte pas même en se chargeant d’eau. Ou souillerons-nous sa mémoire, voyant en lui un pauvre informateur, un travailleur à la petite semaine et au mince talent. Car comment a t’il pu nous faire passer à côté cet immense duo ? Comment aurait-on pu nous regarder encore dans un miroir si nous étions passés à côté de « Current » quatrième album donc (il faudra vite rattraper le retard impardonnable) et déflagration orgasmique d’une musique aussi obscure que tenace, aussi habitée que dépourvue du moindre lien avec l’existant.

Pas une seconde ne sera abandonnée à la facilité à la paresse, pas un moment ne se reposera sur le hamac de la tranquillité. « Current » est un disque tout aussi inquiet que traversé d’une lumière intense, plongeant un classicisme contemporain dans les méandres d’un labyrinthe plongé dans l’ombre de l’after punk. La moindre note semble traversée par un frisson impossible à apprivoiser sans en ressentir les vibrations profondes. Le duo aurait pu squatter la scène du Bang Bang Bar, vous rendant encore plus impossible l’attente de l’épisode suivant de Twin Peaks 3. « Current » est un disque violent, dans la mesure où il dégomme tout autour de lui, le buste droit, la frappe sèche et précise, le sens du mélodrame ravagé à grand coup de battes, installant une forme de romanesque hybride et saignant. Soyez une victime consentante, je suis désormais votre informateur. Puissant.