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Combien ai je pumettre de pièces dans ce jeu improbable. C’était un véhicule du futur (dans les années 80 il l’était, et actuellement il l’est encore) qui s’appelait le Moon Patrol. Il se baladait sur la surface de la Lune, évitait les embuches du relief ou les attaques d’une force extraterrestre, grâce à notre dextérité et à notre entrainement financé à coup de pièces de 1 franc dans le froid de la fête foraine hivernale de ma ville de naissance. La frustration aura longtemps été de ne pas voir mes initiales dans le tableau des meilleurs scores, mais aussi celle de ne pas entendre le bruit de ce jeu, les bruits des autres attractions jouant des coudes au niveau de mes oreilles, recouvrant tout, se mélangeant comme un maelström indigeste.

Je ne sais pas pourquoi, mais en écoutant "Drame 2", deuxième opus de Drame (normalement vous pouvez parier vos économies pour le titre du prochain Drame, la côte sera basse, mais il n’y a pas de petite économie) j’ai de suite pensé à mes parties frénétiques de Moon Patrol. Mais ne me suis pas vu me déchaînant sur la manette, mais comme dans un épisode de Tron, aux commandes de cette jeep lunaire aux suspensions machiavéliques. L’autoradio là, couvrait les bruits du moteur et jouait "Drame 2", influençant ma conduite, et probablement les réactions d’une machine qui se devait de pouvoir aussi jouer avec.

« Drame 2 » serait le compagnon idéal pour une cavalcade sur un sol non aseptisé, mais pas totalement accidenté. Il n’est pas question de dévaler une autobahn allemande à toute vitesse en écoutant les frères chimiques, mais plutôt de se promener échangeant la vitesse pour des arabesques, des pirouettes avec comme outil de guidage supplémentaire un rétroviseur, véritable catalyseur archivistique de tout ce qui a été. Car la musique de Drame ne regarde pas devant, elle nous fait avancer en nous penchant sur le passé, préférant le passé simple au futur en dépit d’une musique qui pouvait paraitre tournée vers celui-ci. Les 57 minutes du disque ne sont que jubilation. Les titres ne tombent jamais dans la démonstration, pouvant par moment nous faire penser à un after punk ralenti en.étant au centre de boucles rythmiques jamais épuisées, toujours renouvelées. La musique de Drame serait comme déclamée, faisant de la possible chute le seul moment de crispation, créant par le fait une énergie absolument pas surfaite, totalement revigorante, complètement remarquable.

« Drame 2 » est un retour dans mon passé, une passerelle vers un présent rêvé, l’un des chainons manquants entre l’homme et une machine virtuelle. « Poésie parfaite » qui est le nom d’un des titres et la parfaite conclusion pour parler de ce disque.




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