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Si les deux premiers albums des Arctic donnaient l’impression d’un vide abyssal – exagéré par une hype disproportionnée –, le virage stoner, époque Humbug, permettait d’entendre un groupe paradoxalement plus pop dans le bœuf souillon que dans leurs précédentes, et assez coincées, tentatives Kinks. Les Arctic, voire plus particulièrement Alex Turner (bon chanteur, bon compositeur), semblaient ainsi emprunter la voie bowienne du caméléon à n’importe quel prix.

D’ici à ce que les Monkeys se mettent au piano et à ce que Turner vire crooner… c’est chose faite ! Reconnaissons-leur un refus du surplace, quitte à décevoir les fans de Josh Homme (Turner aurait de toute façon lassé en reconduisant la formule QOTSA). Admettons également que les nouvelles influences des Arctic sont empreintes de noblesse (Gainsbourg, Legrand, Bad Seeds). Bien. Alors pourquoi Tranquility Base Hotel & Casino, malgré son ticket gagnant, évoque-t-il une orfèvrerie glaciale ? Un récital conservatoire ?

Probablement car jamais Alex Turner n’avait aussi bien chanté, tout en donnant la sensation de chercher à vouloir bien chanter. Dans sa perfection, l’Arctic en chef n’admet ici aucune fêlure, aucun dérapage. Le chant est straight, tellement maîtrisé (cadenassé ?) que l’on songe parfois à Matt Bianco. D’autant plus frustrant que les textes de Turner sont toujours aussi malins, littéraires et perso. Mais cette aseptisation FM (oui, en effet) – entre glam courtois, soul petit blanc et BOF vintage – ne permet guère d’apprécier les tournures d’esprit d’Alex Turner. Manque aux Arctic de Tranquility Base le grondement sourd, la peur d’entendre cette musique soudainement virer à l’éruption volcanique (leçons pourtant promulguées par Cohen et Nick Cave).

Comme Radiohead, MGMT ou Animal Collective, les Arctic Monkeys enregistrent aujourd’hui une musique respectable – dont on appréciera les subtilités du mix (attention : chansons pour mélomanes !). Dommage. Vraiment dommage. Éminemment talentueux, les Arctic, au lieu de se jeter dans le contre-pied intelligentsia (musique pour jouer au poker), auraient pu réfléchir au meilleur moyen de saloper, en contrebande, les contours trop lisses d’une musique de vieux.




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