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Comme un vrombissement originel : quelque chose vient enfler et enfler lorsqu’on lance A House With Too Much Fire. Des lamentations lointaines, comme des plaintes de baleines imitées à la guitare, des vibrations incessantes qui en l’espace d’un instant emportent dans un univers propre, un microcosme bâti autour de la guitare désencordée qui se perd dans le lointain.

Autour des cordes frottées, des échos de percussions synthétiques viennent se greffer, en un mouvement du lointain au plus proche, pour offrir une musique-cocon qui nous enserre pour ne plus nous lâcher, où toujours on entend comme le souffle du feu, ou de la texture du bois léché par la flamme farouche, en arrière-plan : des atmosphères spontanées comme une combustion, une impression de premières étincelles de feu sec qui peu à peu prend l’ampleur en dévorant les bûches, et buvant l’air environnant : retentissent des mélodies étranges et étrangères qui étonnent par-dessus tous les enivrements de ce coin de feu.

Et derrière ce feu, derrière la fenêtre on a l’impression de pouvoir saisir comme à travers une buée de note des paysages froids : les frémissements immenses, les murmures des instruments qui soufflent tout doucement, comme des drones fantômes, spectraux, que l’on aurait connu déjà par le passé chez Natural Snow Buildings, et qui auraient ici pris une forme plus ténue, écrasée sur elle-même, en concentrant tout des échos perlés et de la respiration frileuse. De l’abstraction mystique et apaisante.

Parmi les pistes plus abstraites se dressent aussi quelques esquisses plus marquées, au jeu de corde plus développé et plus fébrile : It Was Aglow où l’on repense à certaines fresques de Robbie Basho, où au-dessus d’un premier arpège se greffe des égrainements dans les aigus, plus tendus, qui viennent et disparaissent comme des vagues frappant le corps. Submerged Past où l’on s’assombrit un temps pour composer une ligne solennelle, appelant au recueillement de tout, sur tout, sur soi. Sur Figure Afar, ce seront les violons qui tourbillonnent autour de soi comme dans une danse improvisée et souple, légère et grisante, s’emplissant de tout cet air chaud de proximité du poêle contre l’air froid du dehors, et l’on se rappelle au souvenir de la belle collaboration entre Sarah Neufeld et Colin Stetson.

Seabuckthorn maîtrise ainsi d’un bout à l’autre son art : sa musique. Une musique qui rappelle l’ivresse heureuse de l’altitude des Alpes, et qui appelle au lâcher-prise pour faire face à la beauté sans fard, brute et fascinante.




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