Autant mettre les choses à plat, je suis exaspéré par le marché de la réédition. Certes, cela va nous éviter de remonter le son quand sur notre ipod relié à notre voiture quand un disque de 1990 croisera un autre produit dans les années 2010, mais quand même. Alors que le marché est moribond, il pense se sauver en réservant la même recette des années après. Dopées par le marché du vinyle (les gars achetent des disques produits en numérique, c’est aussi inepte que de boire un dom Pérignon avec un macDo) ces rééditions pullulent autant que les traitements pour nous soigner du Covid.
Mais dans la masse nous pouvons faire exception quand cette réédition n’est pas celle d’un disque réédité pour la troisième fois d’un album mufti platiné et ayant bouleversé les mélomanes autant qu’un album que Céline Dion ferait avec Jean Jacques Goldman (ah, c’est déjà fait.)
Non là la réédition, c’est celle d’une des plus belles perles pop d’ici en anglais, le As Found de Mehdi Zannad alias Fugu, qui aurait dans son pays le même statut qu’un Neil Hannon par exemple, s’il était anglais et que la presse anglaise avait envoyé un signal approbateur aux « prescripteurs » d’ici. Mais Fugu est français, et son second album sortit au début des années 2000 est une petite merveille d’écriture pop, à la production soignée et jamais ostentatoire. Pour cette réédition, l’excellent label WeWant2Wecord a fait les choses en grand, accompagnant cette réédition des démos de l’album et d’un remix de Sean O’Hagan (la filiation avec Mehdi est évidente.). Plus qu’une réédition, c’est un témoignage, la preuve qu’ici aussi nous pouvions rivaliser avec même certains génies mélodistes d’Outre Atlantique. Fugu est un poisson mortel s’il est mal cuisiné. Fugu est une erreur mortelle de passer une nouvelle fois à côté. Un devoir de maîtrise, une réédition cinq étoiles d’un disque majeur.