Attendue avec une excitation, le premier album de Marie Ulven, aka Girl in Red est enfin là. Celle-ci aurait pu être douchée par l’annonce d’une production en triumvirat au sein duquel FINNEAS pouvait susciter notre inquiétude la plus vive. Frère et producteur de Billie Eilish, la noirceur relative de sa sœur pouvait elle déteindre sur les chansons de Girl in Red, qui certes traitent des affres de la vie et de l’entrée dans celle des adultes, mais gardaient de la couleur sous un ciel sombre. Si la pâte de FINNEAS est indéniable (« Apartment 402 » entre autres) la vivacité des compositions de Marie n’est pas altérée, réussissant même à capter des textures nous ramenant à l’époque de l’indie-pop façon Echobelly, Belly, Sleeper, Bandit Queen et autres, groupes dont Marie ne soupçonne peut-être même pas l’existence. Si dans l’imaginaire nous la voyons dans sa chambre, la moquette recouverte de textes et la guitare et des machines squattant un lit qui ne sert plus à dormir, la jeune musicienne ne trouvant peut être plus le sommeil, Marie a certainement changé dans sa manière de capter son air, son temps. Car ses chansons, si elles éclatent les murs pour transformer cette « cellule » en piste de défouloir ( « You Stupid Bitch » devrait être l’hymne à brailler dans les rues quand le feu intérieur ne sera plus couvert et que nos vies reprendront avec leurs lots d’insatisfactions et d’habitudes sans intérêt.) ne se départissent pas d’une forme de mal-être qui est le lot de n’importe quel être humain pourvu d’une forme d’intelligence l’empêchant de tomber dans les béatitudes factices. Girl in Red a grandit, et parvient avec un sacré talent, et un décodage en règle des rouages de la musique actuelle, à transformer un essai, signant un disque cross-over entre les générations, s’inscrivant dans une pop mainstream qui nous veut du bien.