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Nous sommes nombreux à avoir suivi le départ de Space X, la cocarde tricolore autour de la taille et l’envie d’avoir notre juillet 1969 à nous, feignant l’excitation d’un décollage qui est devenu notre pain quotidien. Mais c’est tout le talent de l’équipe d’Elon Musk de scénariser à outrance quelque chose de banal, rendant le commun extraordinaire, jouant avec les codes du cinéma, jusque dans le décorum et les tenues des spationautes et de l’ensemble du personnel tout de noir vêtu un énorme numéro dans le dos. Mais ce qui est passé inaperçu, c’est la musique, et pourtant elle était là, couverte par les commentaires des spécialistes des voyages dans l’espace. Et c’est le raté de cette dramatique, voulant se la jouer Kubrick jusqu’au bout, Elon Musk a cru bon injecter du classique dans son barnum moderniste, oubliant que l’imaginaire collectif avait depuis longtemps bifurquer vers d’autres sons, comme ceux plus « spatiales » de Pan-Sonic ou Labradford, ou encore des choses plus anciennes comme le Krautrock, mais avec une résonnance qui n’a cessé de nous parvenir. « Inland Ocean » de Border Menace s’inscrit dans cette mouvance et synthétise de façon remarquable ce que serait la traversée d’un monde où l’imaginaire à encore sa place. Si la transposition dans le fond des océans est possible, la relative froideur des sonorités électroniques et les vocaux de Nicole Wojcik (écrivaine et linguiste berlinoise) nous plonge plus facilement dans les méandres d’un infini (« Schrott » comme la sensation que le son avance indéfiniment) vers lequel nous tentons d’avancer dans l’espoir qu’une possible fin donne encore plus de sens à tout cela (« Infinite Hope » tendrait à démontrer le contraire.). Border Menace provoque avec ses constructions sonores notre imaginaire, jouant avec nos sens, faisant de l’ouïe le point névralgique de la compréhension de cet environnement. Si avec des titres comme « Inland Ocean » ou « Bloodshot Onset », Border Menace nous installe dans un confort en scénarisant, l’ensemble du disque est avant tout une expérience qui pourrait s’inscrire dans une histoire, mais qui rompt avec celle-ci en changeant sa narration et son environnement, ce que le nouveau riche aux rêves façon Jules Verne a probablement raté. Fermer les yeux et faites un beau et long voyage avec Border Menace.




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