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Dire que nous avions perdu de vue Mona Kazu depuis 2016 et l’excellent deuxième album du groupe Arguments with a bird serait mentir tant ses membres à travers leurs autres projets musicaux (ÙØ ; FranKendriK) ou scénographiques (les Médusés de Gorgopolitis, Soliloque d’une déclassée, cinés concerts…) ont continué à démontrer l’engagement de ses membres fondateurs Franck Lafay et Priscille Roy à soutenir l’ouverture, l’envie d’élargir leurs horizons comme fondation de leur démarche artistique, une nouvelle fois à l’œuvre ici en invitant Régis Boulard (Son of the Desert, Olivier Mellano…) sur ce troisième album du groupe.

Il y a donc une réelle joie de compter de nouveau un titre du groupe sur le volume 57 des compilations ADA à quelques jours de la sortie de Steel Your Nerves troisième LP du groupe au titre génial (et non dénué d’un certain second degré) où les pistes explorées au cours de ces cinq dernières années se retrouvent par touches ici et là.

Il y a en effet, dans la promesse de ce titre, à minima une jeu de piste en trompe l’œil car Birds, puissante ouverture à l’ample structure guitare / batterie pose une solide base rock et une ambiance de combat et d’urgence qui se prolonge à travers le texte de Porto Twins où apparait la première explosion du cadre rock par un détour free-jazz et l’appui d’une ligne de claviers aériens ouvrant vers un horizon cold-wave qui traverse ensuite le très beau NoSon.

Inclinaison qui sous-tend un peu plus loin le fascinant Solead sur lequel de la voix de Priscille Roy, comme sur Eden juste avant, se déploie entre force et fragilité, à la fois puissante et sensible avec une intensité émotive bouleversante.

Apaisement temporaire au cœur de disque que la seconde partie de Tourbillon, après une amorce jazz viendra faire voler en éclat dans sa parfaite cavalcade finale pour jeter l’auditeur dans la furie électro-noise-indus de l’enchainement Psycho / Kämpfen d’une rare intensité.

Niveau d’intensité qui atteindra son apogée au cour des cinq minutes finales du disque et ce morceau fou qu’est Troubles, lente et onirique montée en puissance sous influence post-rock incandescent dont on frémit à l’écoute à pleine puissance au casque du phénoménal potentiel scénique. (*)

Car si l’apaisement finit par arriver, il arrive par écho, au fil des écoutes, quand les premières sensations laissent place à l’attention portée à l’infinie palette d’arrangements, de nuances, d’ajustement dans les rythmiques des compositions.

Il arrive devant le constat de la beauté et l’urgence des textes, l’engagement de leurs auteurs, de la voix sublime qui leur donne vie. De l’émotion qui se libère en nous, et pour cela, ce disque est précieux. Mona Kazu est un groupe précieux.

(*) : le groupe sera notamment en concert le 17 Décembre 2021 avec Laetitia Sheriff à la Poudrière à Belfort

Toutes les infos du groupe sont disponibles sur leur site internet :

www.monakazu.net

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