Il est coutume de dire qu’un artiste, un grand, ne s’alimente que de ses tourments, et que presque de façon caricaturale, il n’existe pas d’artiste heureux. David Mauro aurait certainement volontiers fait l’économie de cette dépression qui l’aura mené en HP. Connu sous le nom de Rigil Kent, c’est avec Euphrates Ride qu’il tente une renaissance, se servant de cette souffrance et de cette guérison, pour renaître de ses cendres, celles d’une période noire.
En cela, il sera encouragé par l’équipe médicale qui l’accompagnera le temps de cette remontée d’un fleuve, celui de l’intranquillité. Appelé « Therapy » , ce EP six titres ne transforme pas la détresse morale en une complainte gênante. De cette matière sombre, David Mauro en fait un diamant brut, rejoignant d’autres grands accidentés de la vie, comme Forest for the Trees. Les chansons, comme un journal de bord n’élaguent pas la détresse, ne cachent pas la souffrance sous un tapis de fausse pudeur, mais envoient un signal fort et lumineux, car ces six pièces sont la preuve qu’une forme de rédemption est possible. « Therapy » n’est pas seulement un témoignage, il est aussi une posologie possible pour les autres combattants de cette maladie de l’homme conscient. C’est une sorte de course contre la montre (le magnifique et lumineux « Every Single Grain of Sand has a Mass » ) traduisant un combat long, lent, presque vertigineux (« Trans Part I » comme une avancée pesante au courage) mais qu’Euphrates Ride gagnera pour le transformer en art. Car oui, un grand artiste traverse des tourments, et si la qualité du résultat de cette alchimie traduit l’intensité de la fêlure, celle-ci devait être d’une béance monumentale. Vol lumineux au-dessus d’une marée noire.