Réussir à faire bouger mon corps empoté par une cuisine roborative et saucée, est une gageure que peu de musiciens peuvent réussir. En plus quand la soul est au programme, c’est comme être vouloir gagner le grand prix de Monaco au volant d’une voiture de tourisme. Alors, ne pouvant mettre en cause le soleil (qui se réveille en ce moment), le rosé qui ne me rencontre que rarement avant midi, cette gestuelle dangereuse pour mes articulations, ne pouvait être le résultat d’une écoute au début distraite du Jim de Jamie Lidell, puis gourmande car très appétissante. Pensionnaire du label Warp, Jamie Lidell avait fait ses classes dans l’ombre de l’affreux Aphex Twin, léchant la plante des pieds du maître. C’est en prince de la soul que Jamie Lidell entreprit sa mue, pour arriver au résultat étonnant qu’est Jim. On a beau y croiser les fantômes d’Otis Redding ou de Stevie Wonder, la pate de Jamie Lidell s’impose. Comment résister à « hurricane » sans maudire l’âme d’Alain Gillot Pétré ? C’est toute la force de ce disque, installer des tornades soul dans lesquelles des éléments électroniques s’amuseraient le tout sous une température très hot. Ne vous fiez pas à la pochette sur laquelle Jamie ressemble à la Tortue accablante de Meuh 6, Jamie Lidell ne vous baladera pas comme on baladerait un pigeon en laisse, son Jim est autant un hommage à la soul, qu’il donne à cette musique la possibilité de sortir de son imagerie traditionnelle. Jim modernise la soul sans jamais l’égratigner, ce qui n’est pas mon cas pour la danse.