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Vous pensiez connaître la musique américaine sur le bout des doigts, Panda Bear et Sonic Boom pourraient bien placer des dix extrémités de vos doigts dans un coupe cigare affûté. Non-content d’avoir chacun de leur côté essayé non sans succès (au moins d’estime) de changer le cours de l’histoire de la musique contemporaine quitte à se prendre parfois (souvent ?) les pieds dans le tapis épais de la vacuité, ou à survoler la plèbe avec une ingéniosité déconcertante, nos deux acolytes ont décidé de faire une chose qui je pense manque au quotidien de nos contemporains, s’amuser. Une fois cela posé, il fallait quand même tenter de se trouver un jeu, et quoi de mieux que celui de mettre des moustaches sur les grimoires de la musique américaine, de rentrer de la pâte à modeler dans les oreilles des papes autoproclamés, ou une plume sur la tête des conservateurs, donnant à ceux-ci une touche ironique. L’écueil à cette entreprise serait que le style de l’un prenne le pas sur celui de l’autre, que la mayonnaise ne prenne pas. Ne faisons pas durer plus longtemps le suspens, le disque est une réussite de bout en bout, détrônant l’ensemble des disques injectés dans l’ordinateur des vacances, donnant aux Vosges assoiffées une coloration rassurante, tout du moins dans le domaine auditif.

« Gettin’ to the Point » sera une introduction rassurante. Avec « Go one » nous voyons la direction, mettre de la couleur dans nos vies, s’absoudre du conformisme tout en réussissant à toucher le plus grand monde. Les constructions bizarroïdes mais mélodieuses d’Animal Collective sont dépoussiérées et gagnent, si c’était encore possible, en couleurs. « Everyday » semble échappé du jovial « High Life » de Brian Eno, une ritournelle qui semble singer le balais des hirondelles quand la Lune commence à prendre le dessus sur le soleil.

Avec « Edge of The Edge » nous avons le droit à un jeu de voix pour une voie menant à une forme de comédie musicale hybride, comme le point de départ à « In my Body » et ses harmonies vocales pour un trip planant. Le fascinant « Whirlpool » est une leçon, ou comment faire tenir un morceau sur un gimmick sans jamais nous perdre, finissant même par nous absorber. Les racines de plus en plus voyantes, percent sur « Danger » une chanson de cow-boy s’habillant au rayon fluo de chez H&M. Prodigieusement caressant et dépaysant. Prenons alors la frontière pour « Livin’ in the After » , pour une bienvenue au Mexique un moment de grâce sonique. Ce titre vous réconcilira avec votre belle-mère fan de Frédérique François, et vous de jubiler de voir celle-ci vous regarder d’un autre œil, que celui-ci qu’elle vous porte d’habitude, comme si elle voyait une bête curieuse qui écoute de la musique de dégénéré. I sera temps alors de se quitter sur le barré et synthétique « Everythning’s Been Leading To This », entremêlement et conclusion éclatante d’un disque à la fraîcheur rare, une perle irradiante dans la morosité ambiante. Mon cœur de gros panda fait boum.




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