> Critiques > Labellisés



C’est un trait de caractère que je partage avec l’Abbé Pierre, je suis toujours au plus près de celui qui est rejeté. J’adore le foot qui est conchié par « l’intelegistia française », j’ai du voir dix fois U2 sur scéne, je n’aime pas la Casa de Papel ou je passe mes vacances là où personne ne va, car dans le fond, je n’aime pas les gens, les autres. Avec La Femme j’ai eu dès le premier album un rejet puéril qui se fracassera sur la prestation du groupe lors des victoires de la musique. Ils jouèrent « Sur La Planche » dans une mise en scène totalement arty, mais surtout, laissant éclater à la face des spectateurs quelque chose qui s’apparente à une liberté démente. Depuis ce moment, je suis le groupe (enfin le duo composé de Marlon Magnée et de Sacha Got à l’espièglerie désarmante, au charme évident), et la courbe de mon affection semble croiser celle d’une critique plutôt acerbe, et d’une population indie chemise vichy à la passion du bowling sur les réseaux sociaux. Après « Psycho Tropical Berlin », « Mystère » et sa pochette affolante, « Paradigmes » et sa classe infinie, le duo nous emporte vers un « Teatro Lucido » qui ne va pas arranger les pisse-froid, mais qui me confortera dans l’idée que La Femme est libre, s’en cognant de « La Carrière » n’allant que là où le vent le porte.

Alors certes jamais ne me remettrait du départ de Clémence Quélennec, ce chant et cette posture froide, dégageaient une sensualité digne du cinéma néo réalisme allemand me manque. Mais pour ce nouvel opus, le duo s’est entiché d’une coloration hispanique. Fini les bouges enfumés d’un occident mourant sous ses certitudes et son cholestérol figé, bienvenu dans l’antre d’une musique pour les corps, sous la moiteur d’une chaleur mexicaine. Si l’album est une réussite presque insolente (tout y passe, même les chansons que vous pourrez reprendre dans les gradins du Jai Alai de Saint-Jean-de-Luz.), il manque les chansons en français (quelques mots sur « Maialen » qui accompagnerait à merveille un toro del Fuego), les trucs un tantinet régressifs (Foutre le Bordel), qui font que le groupe à cette touche particulière ( « No Pasa Nada » tube La Femme certifié ou « Resaca » et comment mettre du soleil dans l’after punk ) et qui lui permet d’apparaître au générique d’une série aussi cool que Brassic.

Mais La Femme touch y est, dés «  Fugue Italienne » un mélange rieur entre la tradition et le bazar néo futuriste de Marlon et Sacha. « Sacatela » comme « Cha-Cha » n’ont pas fini de colorer votre journée dans une forme de respect rieur, et plein de fossettes creusées par le plaisir. Ayant tiré son titre d’un théâtre de Mexico où nos deux compères jouèrent souvent, l’album ne pouvait qu’être imprégné de cette chaleur sensuelle (« Y Tu Te Vas » devrait permettre à Bruno Le Maire d’abandonner son col roulé, même sans chauffage.) de cette charge électrique (« Teatro Lucido » le titre à la coloration stroboscopique). Mais cette « Odyssée Hispanique », Volume 1 d’une longue liste d’après le duo (information à prendre avec du recul, connaissant l’humour des garçons) sait aussi jouer avec la « farce » la féria et les chansons à boire ( « El Tio Del Padul » « El Conde-Duque » qui n’est pas sans nous rappeler les Rancheros de Jean Louis Murat) ou l’émotion brute (Tren de la Vida).

Sans tomber dans le cliché , La Femme rate son pari, celui d’une forme de suicide artistique, continuant à désorienter (« Ballade Arabo- Andalouse » est une sublime fin d’album.) sans jamais tomber, car à l’instar des personnages de Brassic, même dans les pires situations dans lesquels ils se mettent (souvent volontairement) ils finissent souvent avec le sourire aux lèvres et l’amour de la vie chevillée au corps. C’est tout La Femme.




 autres albums


 interviews


aucune interview pour cet artiste.

 spéciales


aucune spéciale pour cet artiste.