Après un premier EP paru en 2021 et salué ici, le poignant Lost Healing, Tristan Gouret nous revient avec un premier album. Lui qui se présentait dans un très beau noir et blanc, dans la posture du défunt sur lequel nous posons des fleurs pour le grand voyage, nous revient Kickers en évidence, tout aussi rieur que las, sous une tonne de vêtements. Le changement est perceptible aussi sur cette pochette réalisée par le peintre-plasticien brésilien Eduardo Sancinetti ), une profusion criante et non-criarde de couleur, comme le disque sera une suite de chanson solaire sans jamais nous brûler à nous détacher d’elles. Car si la mélancolie collante de la ville de Banski ou Tristan a habité, est toujours là, surtout quand il est question de sa propre vie et de ses affres, A Big Dream laisse place à un univers musical plus « enjoué », qui n’est pas sans nous rappeler le meilleur de Beirut, si l’on considère la structure et le fil de l’écriture des chansons. Enregistré entre Nantes, le Morbihan et Saint-Nazaire sa ville de naissance, ce féru de musique anglo-saxonne, laisse entrevoir une appétence possible avec sa langue natale, le temps de deux vers sur In The Night, non sans écho avec François Marry dans la fragilité du propos. Les chansons qui s’ouvrent majoritairement dans une sorte de dénuement, comme un rideau que Tristan, finira toujours par tirer dès le premier refrain arrivant, afin de dévoiler une orchestration, qui entre la pop indé et le folk s’engouffre sans rien dénaturer, soulignant tel un enlumineur la mélodie et la voix gracile de Tristan. De l’ouverture presque paroissial Lord au vibrant Bristol qu’il ne pouvait chanter avec personne d’autre que Rachael Dadd, Tristan nous ouvre sa boite à secrets, son jardin secret, dans un disque tout aussi poignant que le premier EP, mais avec quelque chose en plus qui rend l’exercice formidable. À vous de chercher, et de faire le plus beau de vos rêves.