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Si Stoner Bud’s avait sorti son album dans les années 90, il aurait, à coup sûr squatté la playlist de C’est Lenoir (pas le vendredi, et son mythique programme cool), tellement il coche toutes les cases de ce que l’on nommait l’indie rock, et qui, par son versant américain, ridiculisait la raideur commerciale de la Brit-pop.

Entre le garage rock, la noisy et l’indie rock version slacker le trio bordelais tire les ficelles, tricotant un pull bigarré et détendu, confiant les aiguilles à une Kim Gordon qui rôde sous les rondeurs de la basse.

Happy Sunday, par exemple, en dit long sur l’étendue de la gamme de mailles que nos trois compères ont en leur possession. Stoner Bud’s ouvre une faille spatio-temporelle. Fan du label Geffen et de ses compilations aux jouets sympathiques en couverture, vous allez ressortir vos T-shirts imprimés, vos chemises de bûcheron jamais boutonnées, et vos jeans au effilages et trous pas encore marketé par la génération actuelle. Il aligne alors une suite de morceaux, nous suggérant des odeurs, des images, ranimant des souvenirs.

Sorrow Noise ou comment faire couler des larmes aux fans de la première heure de Pavement. Another Day, Pop song ou garage song sur une planche de surf peu importe l’addiction est totale. Would you Ear Me ou en évitant les longueurs le trio s’autorise en plus une plongée dans quelque chose qui s’apparente à une marmite sonique. Même chose pour Surfin Concrete ou comment prendre la vague la plus courte, mais la plus chahuteuse.

Rainy Day comme un titre échappé de Experimental Jet Set Trash et No Star pour une cavalcade sur le versant descendant de la dune du Pilat attaqué de toutes parts par une police hirsute et rigolarde. Ou encore Like a Fool, car il est obligatoire de signer un tube décalé sans une once de caricature. Le trio gagne ici ses galons du cool troisième Dan. Enfin Trapped, ou comment finir dans le plus simple appareil et lâcher les dernières forces pour un morceau qui fera de la bravoure son totem sur scène.

Une épatante série de madeleine de Proust pour les vieux machins comme moi qui savent que Lou Barlow, Pavement et autres, sont des divinités qui ont des guenilles en guise de saint suaire et des albums comme les incunables. Pour les autres une porte d’entrée contemporaine pour des vestiges du passé.




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