Encore vingt-cinq jours à attendre au fond des oubliettes d’un château en ruines rongé par le lierre, caché du monde extérieur par les souches pourries des chênes et par les fougères. Encore vingt-cinq croix à tracer sur le mur. Comment patienter jusqu’à l’évidente claque que sera ce prochain album de Blonde Redhead ? Le single « Snowman » que nous écoutons en boucle depuis sa sortie le 30 mai dernier agit comme un teaser sur les fans. 

Non. Plus qu’un teaser, il nous tient, il nous tire dessus comme le fil élastique qu’a attaché ce groupe à nos coeurs depuis trente ans qu’on les écoute, qu’on les regarde, qu’on les aime. Qu’on les admire. On déniche une pépite au fond d’un puits. Nous ne sommes ni chercheurs d’or, ni inventeurs, ni Prix Nobel, mais simples serfs, gisants qui attendons un signe divin. Une femme et deux hommes pour nous lancer l’élastique, avec grâce et désinvolture : Kazu Makino,Simone et Amedeo Pace. 

Davantage encore : trois êtres suprêmes, trois chamans new-yorkais (si ça veut dire quelque chose, et je crois que oui) trois sorciers qui nous enivrent avec un vin rouge trop fort. Éternellement jeunes, éternellement nous. Nous avons grandi - que dis-je ! vieilli avec leur musique. On ne danse pas, on ne peut pas danser : on titube sous le coup de cette mélodie. Ils réussissent, avec « Snowman » ce tour de force qu’est la bande-annonce d’un événement musical historique. 

Le chant, les cris dans le fond, la batterie, l’entêtante mélodie de « Snowman » va nous réapprendre à aimer. On croirait que je fais partie d’une secte quand j’écris ces quelques lignes. C’est que parfois, pardonnez-moi, le temps me semble s’étirer et ne jamais devoir aboutir sur rien d’autre que sur un album de Blonde Redhead - ils disent avoir travaillé sur celui-ci pendant cinq ans. Je l’attends, tout comme j’attends le concert, là-bas dans mon donjon. J’attends, non pas une résurrection, mais la Renaissance. Et vous ? 

« Only doubts, only doubts that you fix your thoughts on »… On ne ressent pourtant aucun, absolument aucun doute sur la perfection absolue que présentera cette fin du monde : engloutis tous les doutes et revoilà ce groupe sublime, juste assez forever young pour nous redonner la vie.

Vivement.