C’est un disque post. Pas vraiment post rock, même si les montées telluriques de ces instrumentaux rageurs ne sont pas éloignées des étalons du genre (Feel Alive). Pas post punk, car jamais un groupe s’enivrant des effluves rances du thatchérisme aurait pu écrire un pop song aussi dévastatrice que Sorry (avec Tetha), ou comment faire se rencontrer le feu et la glace sans que l’un détruise l’autre grace au souffle d’une production bien placée et de cordes qui nous emmenent au vent. C’est un disque post trauma, celui d’un accident de voiture duquel le quatuor parisien s’en est sorti miraculeusement en rentrant dans la nuit du 21 mai 2022 d’un festival à Tours. Construit comme un récit chronologique (Speed, Sorry, Crash, Exit, Feel Alive) ce EP transcende tout, répondant à merveille à cette idée qui consiste à dire que quand la mort nous a frôlé, nous décuplons une énergie (ici créatrice) pour s’en éloigner le plus longtemps, jouant avec elle avec la maestria d’un torero. Très cinématographiques, les morceaux sont aussi des orfèvreries mélodiques, mêlant une écriture soignée, aux chaos vertigineux de ce crash. Subtilement, nous passons du vertige de la vitesse à la prière une seconde avant le choc, à l’accident, aux lumières de la nuit des secours en passant par ceux des néons des hôpitaux pour finir par le soulagement d’être encore là. Ce disque est tout à la fois, un testament, un journal intime et un contrat qui liera à jamais ces quatre musiciens. Beau et fort, ce EP nous transporte avec une frénésie pondérée, s’évitant une sortie de route possible sur ce genre de projet, sauf que l’intime ici se mue en une pensée universelle. À tomber.