Dimanche après-midi parisien, je paresse, ciel gris et froid, hors de question de mettre le nez dehors, je furète dans la liste des disques à chroniquer, hop hop hop, Green Day, nope, Bring Me The Horizon, bof, Grégoire, plutôt crever, mollement je furète, je furète jusqu’à ce qu’en moi un nom ravive de lents souvenirs, tiens tiens, The Apartments, pas écouté le discret groupe australien depuis des lustres, The Evening Visits... and Stays for Years, trente-huit ans, déjà, pfiou, et Drift, super bien accueilli en France, au point de squatter les tops de fin d’année 1993 (Drift sera d’ailleurs réédité en 2010 par Talitres), ça ne nous rajeunit pas, nom d’un petit bonhomme. Alors que devient la troupe menée par Peter Milton Walsh, ils sortent un nouvel opus ? Hum hum, Apart, le titre me dit quelque chose… mais oui, suis-je bête ! Apart est le cinquième album de The Apartments, publié en 1997, avant une longue et douloureuse pause de plusieurs années, consécutive au décès du jeune fils de Peter Walsh : funeste augure que la chanson Everything Is Given to Be Taken Away, dont le texte hanté vous cloue au sol et clôture en beauté un disque qu’il est désormais impossible d’écouter sans le replacer dans son contexte dramatique. Réédité par le label bordelais Talitres, dans un écrin qui enfin fait honneur à une œuvre en clair-obscur ayant plus que bien – tentations électroniques y compris (la rythmique trip-hop de No Hurry) – résisté au (mauvais) temps, double vinyle et artwork signé Pascal Blua à l’appui, Apart continue, morceaux après morceaux, et ce malgré quelques longueurs (le parlé Welcome to Walsh World) ou arrangements un peu trop lounge à mon goût (mais à la mode à l’époque) de nous charmer, à coups de jolies ballades, de cordes, de cuivres et de piano, de mélodies apaisées (Breakdown in Vera Cruz) ou (très) mélancoliques (Everything Is Given to Be Taken Away) ou (très) lumineuses (Something to Live for, mini tube dans un monde meilleur). Cédant aux sirènes mid90s (le rockeur troque sa guitare contre un sampler, la fréquentation des affreux Saint Etienne, peut-être), l’élégant Peter Walsh et The Apartements n’en oublient pas de composer de véritables chansons, dont certaines font encore bonne figure dans une discographie qui depuis a repris le fil perdu de son existence. Parfait pour les dimanches cotonneux.