Le cow-boy qui se cache sous ce chapeau reflétant une lumière comme sortie d’un film de David Lynch se prénomme Gianlica Maria Sorace, que certains d’entre vous purent croiser dans son précédent groupe, Hollowblue (l’image est inspirée par une citation d’un documentaire, Cracked Actor, pendant lequel l’homme aux mille visages se plaint de trouver une mouche dans son verre de lait). C’est en 2011 que le cow-boy naîtra, dans un petit théâtre parisien telle une transformation que ne renierait pas le premier personnage d’un marvel.
C’est dans la douleur que Long Walks in The Dark prendra sa source. D’abord la mort de Bowie (pour qui il signera un EP hommage après ces deux premiers albums), celle de Dan Fante avec qui il travailla sur différents projets, celle de Franco Volpi compagnon de scène au long cours et enfin celle de son père. Le disque est traversé par la mort, les affres du doute (We Cannot Decide et la crainte de ne pas d’un retour impossible à la vie après avoir contracté le COVID), mais surtout par une mélancolie bouleversante (comment ne pas écouter Long Black Train sans sentir le fantôme d’Elliott Smith nous poser la main sur notre épaule). Accompagné par, excusez du peu, Mick Havey (que nous ne présentons plus) Ken Stringfellow qui ranimera chez les chantres des heures bénies du rock indépendant américain, Marianna D’ama (croisé chez Timber Timber) ou encore Davide Grotta et Laura Loriga (Mimes of Wine) et pour finir Sergio Carlini de Three Second Kiss, Stella Burns s’offre, tripes grandes ouvertes (I Want to be Dust When I’m Done), oscillant entre blues au rasoir, garage rock tendu et panoramique sur le grand Ouest américain dans les pas encore frais de Calexico.
Bouleversant (Satellite) et dépaysant (Amor), Long Walks in the Dark, pioche autant dans l’aridité des grands espaces que dans celle des contrariétés, pour au final nous servir un disque a la fragilité massive qui cherche la lumière tout en nous éclairant, aussi paradoxal que de voir un cow-boy avec un verre de lait. Etoile noire irradiante.