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Oh, chic, un nouvel album de Sleater-Kinney !!! Corin Tucker et Carrie Brownstein ont illuminé la seconde partie des 90s, à une époque où les rockeurs et leurs hypocrites frères siamois chroniqueurs, dévorés par la fausse modernité qu’offraient samplers et électronique bon marché, en masse virèrent leur cuti sonore pour le mirage informatique. Avant le fameux retour du rock du début des 00s, il en fallait, des Jonathan Fire*Eater et autres The Make-Up pour maintenir en vie un genre qui, pour la énième fois, mais pas la dernière, s’essoufflait. Quand on se refusait, par éthique et bon goût, à céder aux sirènes trafiquées de Daft Punk et autres saloperies numériques survendues par une presse soucieuse d’être à la page (au hasard, du trip-hop produit de manière industrielle par des logiciels ou la dégueulasse French Touch se répandant comme du vomi dans le cerveau d’incultes soucieux de rentabiliser, Adidas vintage aux pieds, leur coolitude frelatée), Sleater-Kinney était là pour nous rappeler à quel point le rapport organique aux instruments restait essentiel. Little Rope est le onzième album des girlz d’Olympia, parties prenantes du mouvement Riot grrrl (non, on n’a pas attendu l’inspirée Sandrine Rousseau pour dénoncer le patriarcat), qui trouve en des formations telles que Bikini Kill et autres Bratsmobile un legs et une inspiration encore aujourd’hui perceptible. Malencontreusement nourri de la douleur de Carrie Brownstein, qui perdit mère et beau-père lors d’un accident de voiture en Italie, Little Rope est une catharsis intime tout autant qu’un constat sur l’état d’un pays qui se rêve plus beau qu’il ne l’est, et qui beau ne sera jamais : les USA ne seront jamais rien d’autre qu’une poubelle culturelle et idéologique à ciel ouvert, bâtie sur la spoliation, le viol et le meurtre. Rien à sauver. L’étonnamment tragique et hanté Hell ouvre le bal et, en quelques secondes, dès lors que les guitares électriques giclent, on se souvient pourquoi l’on aimait tant ce groupe : les mélodies fusent, basses métronomiques, batteries binaires et six-cordes saturées, à l’instar d’un Needlessly Wild tubesque qui invoque tout autant The Slits que Garbage – production mate et néanmoins ample, qui ne lésine pas sur les refrains addictifs, rappelant The Organ ou Electrelane. Groove garage et grosses mélodies sur un Hunt You Down saturé qui plairait beaucoup à Karen O, que Corin et Carrie ont certainement inspirée, junk funk garage à bout de souffle (Small Finds), virée punky pop jubilatoire (Don’t Feel Right), peu importe le flacon, il s’agit de rock’n roll joué vite et à pleins cœurs, damned ça fait du bien !!! Le math rock Crusader et son beat discoïde à la Blondie enfoncent le clou, frissons garantis, même si c’est l’habité et lyrique Untidy Creature qui, tout en nous collant les poils, clôt le fortuné Little Rope. L’année musicale commence à peine, et déjà Sleater-Kinney met la barre très haut, bravissima.




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